Les priorités d’Emmanuel Macron ne sauraient être plus claires : moins de dix jours après son investiture en tant que président de la République, il ne s’est pas contenté de faire allégeance à Angela Merkel. Lui-même et ses lieutenants ont déjà réalisé plusieurs rencontres au niveau de l’Union européenne pour promouvoir une « intégration » accrue. Dimanche – car oui, cette présidence et ce gouvernement aiment à travailler le dimanche – Emmanuel Macron recevait à Paris le premier ministre italien, Paolo Gentiloni, et les deux chefs d’Etat se sont mis d’accord pour travailler à l’union fiscale de l’UE. Lundi, les ministres des finances allemands et français, Wolfgang Schaüble et Bruno Le Maire confiaient à un groupe spécialement formé la charge de proposer une feuille de route pour mettre en place l’harmonisation de l’impôt sur les sociétés au sein de l’Union européenne.
Les Français – mais aussi beaucoup d’autres Européens – se trouvent une nouvelle fois prise au piège de cette Europe en voie de fédéralisation qui ne tient aucunement compte de leur volonté. Le référendum contre la constitution européenne avait été joyeusement ignoré par Nicolas Sarkozy qui en changeant deux virgules, avait pu arguer de son élection à la tête de l’Etat pour imposer un traité quasi identique sans consultation populaire. Emmanuel Macron, fort de sa très confortable élection acquise sans difficulté grâce à la présence de Marine Le Pen au second tour, s’apprête à continuer le travail. Ou comment utiliser un vote de rejet pour brader la souveraineté nationale…
Macron et Gentiloni se mettent d’accord sur l’intégration de l’UE
Lors du dîner de dimanche à l’Élysée, Emmanuel Macron et Paolo Gentiloni ont appelé à une réforme de l’Europe en s’engageant à aller ensemble vers davantage de « convergence ».
Leur objectif est double : renforcer la zone euro par le biais de l’union fiscale, et faire face à la crise des migrants. Dans les deux cas, c’est un désordre créé par ou à la faveur de l’UE qui sert de prétexte à une nouvelle avancée vers la fédération. La création d’une monnaie unique appelait peu ou prou l’union fiscale – en attendant la union politique et économique totale – pour mettre fin aux disparités qui handicapent à divers titres les pays si différents de la zone euro. L’accueil des migrants dans la zone sans frontières de l’espace Schengen permet aussi de réclamer une politique unique – étant posé qu’il est en pratique interdit de remettre en cause le principe de l’« ouverture aux migrants ».
Ainsi l’exprime Emmanuel Macron : « Je sais les défis que l’Italie a eu à vivre en matière de migrations, nous allons en parler, je pense d’ailleurs que nous n’avons pas suffisamment tôt entendu les cris d’alerte qui étaient lancés par l’Italie », a dit le président français. « Mon souhait, c’est qu’on puisse aller au-devant d’une vraie réforme du droit d’asile et des règles qui sont aujourd’hui les nôtres pour mieux protéger les Etats qui sont les plus soumis à cette pression migratoire. » Puisque nous sommes dans le règne de l’inversion, il faut comprendre que ces « défis » sont autant de prétextes qui aboutiront a la confiscation aux Etats de leurs droits de déterminer qui entre et qui n’entre pas chez eux, et in fine à un accueil toujours renforcé de personnes qui ne partagent pas la culture chrétienne de l’Europe.
Bruno Le Maire et Wolfgang Schaüble vont accélérer l’union fiscale
Pour ce qui est de l’union fiscale, Macron s’est engagé devant Paolo Gentiloni à la concevoir de manière à créer à terme « une capacité budgétaire commune » : l’impôt sur les sociétés n’est qu’un premier pas. D’ailleurs le premier ministre italien veut aussi une « union bancaire ».
Confirmant le point de vue du président de la République, Bruno Le Maire a précisé lundi : « L’objectif est de déblayer les sujets, d’avancer sur l’impôt sur les sociétés parce que c’est le sujet qui est le plus avancé aujourd’hui et voir si on peut progresser également sur d’autres sujets de fiscalité. »
Avec Schaüble, Le Maire venait de lancer les travaux. Les propositions qui en sortiront devraient être adoptées au conseil des ministres franco-allemands de juillet – elles avaient fait l’objet d’un important rapport en 2012 commandé par Merkel et Sarkozy : les délais impartis laissent prévoir une reprise importante de ses suggestions. Cela signifie certes que l’union fiscale est une sorte de serpent de mer de l’UE mais cette fois, le poids de l’élection de Macron améliore les chances de réussite des européistes, d’autant que l’on s’émeut des conditions fiscales offertes par certains membres de l’Union tel Malte qui accueille de grands groupes allemands grâce à sa « générosité ». Les poids lourds de l’Union européenne veulent plus d’« équité » – à savoir, une répartition plus généralisée et toujours aussi pesante du socialisme.