Sur la frontière du Mexique, l’US Border Patrol se bat aussi contre la bureaucratie fédérale

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L’US Border Patrol, une des polices aux frontières des Etats-Unis, se trouve entravée dans sa mission de blocage des immigrés illégaux et des trafics de drogue par une bureaucratie fédérale pétrie de réflexes environnementalistes et droits-de-l’hommistes. Sur la frontière sud, celle qui sépare les Etats-Unis d’un Mexique en proie au chaos sécuritaire, l’US Border Patrol tente de contenir la marée de clandestins et de trafiquants de stupéfiants en déjouant les techniques des passeurs rémunérés, dénommés localement « coyotes », mais aussi en supportant le contrôle paralysant d’administrations fédérales qui s’opposent insidieusement à sa mission, alors qu’elle est elle-même agence fédérale.
 
Citons parmi ces opposants internes, aux motivations idéologiques à peine dissimulées, l’Agence de protection de l’Environnement, le Département de l’Intérieur ou le Forest Service, office fédéral des forêts. Les travaux visant à boucher les tunnels creusés par les « coyotes » pour passer drogue et clandestins aux Etats-Unis sont ainsi retardés par d’interminables études d’impact environnemental, délais de financement et sélections d’entreprises adjudicataires.
 

Les passeurs connaissent les sections de frontière avec le Mexique sur lesquelles l’US Border Patrol est paralysée par la bureaucratie fédérale

 
Représentant républicain de l’Utah, Bob Bishop rapporte avoir reçu « des témoignages de première main » d’agents de l’US Border Patrol qui « démontrent que les contraintes environnementales entravent leur travail de sécurisation de la frontière ». Depuis longtemps, l’US Border Patrol dénonce les absurdités administratives qui annihilent ses possibilités d’action. Les Départements de l’Intérieur et des Forêts contrôlant de vastes étendues de territoire sur la frontière méridionale des Etats-Unis, les agents de l’US Border Patrol doivent composer avec un surcroît de réglementations bureaucratiques dès ils agissent sur ces zones. Et les passeurs connaissent exactement les sections de frontière sur lesquels ces agents sont paralysés dans leurs contrôles. Ted Cruz, sénateur républicain du Texas, abondait dans le sens de Bishop dès 2014 : « Il ne fait aucun doute que les restrictions imposées à l’accessibilité des terrains le long de la frontière compliquent le travail des agents (…). Une réforme de bons sens accordant à l’US Border Patrol un accès sans restriction pour surveiller la frontière s’impose. »
 
Exemple. En février 2015, sous l’administration Obama, les agents de l’US Border Patrol avaient découvert un tunnel d’une longueur équivalente à celle de trois terrains de football, soit 330 mètres environ, près de Naco, en Arizona. Il était sophistiqué, équipés de poteaux en bois, de puits en béton et même d’un ascenseur hydraulique. Mais en raison de « soucis environnementaux », il fallut un an aux agents pour obtenir son obturation. Entre sa découverte et sa destruction, l’US Border Patrol dut mobiliser de nombreux agents pour surveiller l’issue du tunnel alors qu’il eût fallu une seule journée pour le neutraliser par quelques mouvements de bulldozers. Depuis le début du mandat de Donald Trump, et malgré le volontarisme du nouveau président, la bureaucratie fédérale continue son travail de parasitage.
 

Le patron de l’US Border Patrol accuse l’Agence de l’Environnement d’empêcher de bloquer les passeurs de drogue

 
Le président du Conseil national de l’US Border Patrol, Brandon Judd, proteste que « la sécurité des frontières ne devrait pas être la dernière roue de la charrette de l’Agence de l’Environnement, surtout si l’on considère la dangerosité des drogues qui entrent dans le pays, telles que le Fentanyl ». Le Fentanyl est un très puissant opioïde utilisé par les médecins dans les cas de très grande souffrance mais il est aussi vendu de façon illégale comme un narcotique dangereux. Or le tunnel de Naco « était clairement utilisé par les passeurs de drogue pour introduire du Fentanyl et autres substances dangereuses, dit Brandon Judd, des produits fortement rémunérateurs ». Et destructeurs de la jeunesse américaine.
 
La Chambre des Représentants étudie en ce moment un projet de loi dit « de sécurisation de l’avenir de l’Amérique » ou HR 4760, qui soustrairait l’US Border Patrol du contrôle des Départements de l’Agriculture et de l’Intérieur, texte porté par Bob Bishop. Il l’exempterait du respect de la loi sur les espèces protégées et de la loi nationale sur la politique environnementale. « Pour sécuriser nos frontières, nos agents ont besoin d’outils et d’autorité ; si nous ne simplifions pas la réglementation, ils n’y arriveront pas », a lancé Bishop.
 

La future loi destinée à émanciper l’US Border Patrol empêchera-t-elle les agences de jouer la provocation ?

 
Pour James Murphy, éditorialiste du site d’information thenewamerican.com, « ce projet de loi est un bon début, mais les agences fédérales jouent la provocation depuis des années face à l’US Border Patrol ». Murphy cite l’exemple du Bureau de gestion des Domaines qui attendit huit mois pour autoriser l’US Border Patrol à déplacer un détecteur de données souterraines au Nouveau Mexique, ou quatre mois en Arizona pour déplacer une unité mobile de surveillance. Régulièrement, l’US Border Patrol se voit opposer un refus lorsqu’elle demande la réfection d’une route secondaire ou d’une piste dans des zones frontalières contrôlées par le gouvernement fédéral. « La construction du mur va sécuriser » la frontière méridionale des Etats-Unis, conclut Murphy, « mais le président Trump et le Congrès devront s’atteler simultanément à quelques déconstructions, principalement dans le foutoir bureaucratique washingtonien ». Un marécage dont l’impensé antinational saute aux yeux.
 

Matthieu Lenoir