Manuel Valls était mercredi à Bruxelles pour défendre les choix économiques de la France face à une Commission européenne qui dénonce les déséquilibres « excessifs » de notre pays, et l’insuffisance des réformes susceptibles de doper sa croissance. Une visite qui a été maintenue malgré l’actualité brûlante. Il est vrai que, pour le premier ministre français, le temps est compté…
« Echanger, expliquer et dire où en est la France dans ses choix » : telle était la volonté du premier ministre en arrivant à Bruxelles où, comme le dit un de ses conseilles, il venait expliquer « en quoi nous avons fait ce que nous avions dit l’an dernier. Cela vaut pour les réformes, comme sur les engagements budgétaires qui sont les nôtres ».
Manuel Valls devant la Commission européenne
Le propos est cependant délicat. La Commission européenne vient en effet d’épingler pour la deuxième année consécutive la France pour des déséquilibres « excessifs » de son économie, la plaçant ainsi au même niveau que d’autres pays qui se sont attirés les mêmes critiques, tels l’Italie ou le Portugal.
Cette rencontre intervient à la veille de la publication, vendredi, par l’Insee, des chiffres du déficit public de la France pour 2015, dont on sait déjà qu’ils seront inférieurs à l’objectif de 3,8 % du PIB officiellement retenu par le gouvernement.
Malgré cela, et malgré la série de nouvelles dépenses totalisant plusieurs milliards d’euros annoncées depuis le début de l’année pour répondre à certaines urgences (emploi, agriculture, etc.), le ministre des Finances, Michel Sapin, a assuré que le taux de 3,3 % prévu pour 2016 serait respecté, et que « toutes les mesures seront prises » en compensation pour que l’objectif soit tenu.
Aïe ! Quand bien même le gouvernement n’est pas entré dans le détail, il semble que ces mesures rimeront, une nouvelle fois, avec l’austérité dénoncée pourtant si fréquemment par la gauche…
Tout l’effort de Manuel Valls aujourd’hui devant la Commission européenne sera de la convaincre que, contrairement à ce qu’elle affirme, la France n’est pas « plus lente que le reste de la zone euro » dans la réduction de son déficit public.
Les doutes de Bruxelles
Autre point de tension à désamorcer : le fonctionnement du marché du travail qui, selon Bruxelles, « demeure peu satisfaisant » en France, et le taux de chômage élevé qui, non seulement ridiculise les annonces récurrentes de François Hollande, mais en outre est perçu par l’instance bruxelloise comme l’une des conséquences des déséquilibres dont souffre le pays.
Pour y parvenir, Manuel Valls devra bien sûr persuader Bruxelles que les réformes annoncées par son gouvernement seront efficaces, alors que, d’une part, elles ne cessent de provoquer de fortes réactions dans notre pays, et que, d’autre part, il ne cesse d’aller de reculades en reculades. Le projet de loi El Khomri sur le travail en est un exemple flagrant.
La courbe de popularité, que l’exécutif semble avoir confondue avec celle du chômage, ne fera rien pour rassurer ses interlocuteurs…