Manuel Valls tance le patronat sur le pacte de responsabilité

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Manuel Valls veut des contreparties au Pacte de responsabilité.

 
A l’occasion d’une réunion avec les partenaires sociaux lundi, Manuel Valls a jugé lundi que les engagements du patronat dans le cadre du pacte de responsabilité n’étaient « pas satisfaisants », notamment en ce qui concerne la création d’emplois. Après avoir dressé ce constat, le premier ministre l’a ensuite appelé à « assumer ses responsabilités », et prévenu que les aides accordées aux entreprises dans le cadre de ce dispositif pourraient à l’avenir être « conditionnées ».
 
Faisant, d’une certaine façon, la part des choses, Manuel Valls a salué le fait que des accords avaient été signés dans certaines branches. Et le ministre du Travail, Myriam El Khomri, a précisé que, sur les cinquante principaux secteurs professionnels, seize accords de branche ont d’ores et déjà été signés dans le cadre du pacte de responsabilité. Elle a en outre indiqué que trois branches n’avaient encore engagé aucune négociation, et que trois autres s’étaient engagées sur des créations nettes d’emplois, les dernières ayant pris des engagements différents, par exemple sur la formation ou l’apprentissage.
 

Manuel Valls tance le patronat

 
Le bilan est donc mitigé. D’où la réaction du premier ministre : « Du côté des entreprises, du côté du patronat, je constate que nous ne sommes pas aux objectifs que l’on s’était donnés à travers cet effort de quarante milliards voté par le Parlement qui a été en grande partie engagé. »
 
D’où sa volonté exprimée de voir réaliser une évaluation supplémentaire du dispositif « avant l’été », afin que les résultats de cette étude permettent de déterminer les modalités de l’engagement de l’Etat pour la dernière tranche du pacte, qui doit couvrir une réduction de la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) et de l’impôt sur les sociétés. Celle-ci n’est pour l’heure qu’une perspective, puisqu’elle doit être votée à la fin de l’année, dans le cadre de la préparation du budget 2017.
 
Quoi qu’il en soit, et parmi les diverses perspectives et mesures évoquées par le chef du gouvernement, le premier ministre a tenu à assurer que celui-ci respecterait son engagement financier, tout en assortissant donc cette assurance de cette réserve de conditionnements : « Les aides peuvent être conditionnées, elles peuvent être réorientées vers d’autres types d’entreprises. »
 
Mais, a-t-il précisé, il ne s’agit aucunement là d’une « menace »… Manuel Valls préfère-t-il parler alors de pression ?
 

Pacte de responsabilité : de quelle responsabilité ?

 
Ce propos n’a évidemment pas plus aux patrons. « Si on conditionne, on va remettre par terre tout ce qui a été fait depuis deux ans », a déclaré Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président délégué du Medef, à l’issue de la réunion. « Ça serait une erreur majeure, ça serait remettre en question la confiance qui commence à renaître dans les (…) entreprises », a-t-il poursuivi.
 
La question, en l’espèce, n’est pas de prendre parti pour l’un ou l’autre. Mais force est de constater que le discours socialiste n’évolue pas, bloqué qu’il est entre l’ignorance des réalités économiques et l’idéologie qui le fonde. Il est tout de même marquant que cela conduit Manuel Valls – mais il en va de même, bien sûr, pour François Hollande – à s’exprimer comme si le Medef décidait de la création des emplois dans les entreprises. Le Medef n’est pas une entreprise, mais une organisation, un mouvement. Et les entreprises ne créent pas d’emplois en fonction de mots d’ordre, sur lesquels le gouvernement pourrait s’opposer au Medef, mais en fonction de leurs nécessités.
 
Evidemment, la toile de fond dudit propos ministériel, c’est l’élection présidentielle de 2017, dont la perspective socialiste est plombée – notamment… – par le chômage. Or, l’an dernier, d’après une première estimation de l’INSEE publiée la semaine dernière, il n’a été créé que 47.100 emplois dans le privé. Ce qui est vraiment très peu pour inverser la courbe du chômage, selon la promesse de François Hollande censée être la condition de sa candidature à sa propre succession.
 
Il n’est pas sûr que les coups de menton de Manuel Valls, expression nouvelle du dirigisme socialiste, soient plus efficaces en la matière…
 

François le Luc