L’état d’urgence instauré en France au soir des attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis va connaître une nouvelle prolongation de deux mois à compter du 26 mai, et portera donc le dispositif jusqu’à la fin du mois de juillet, a annoncé mercredi Manuel Valls sur France Info.
« Au vu de la menace »… Tel est l’argument employé par le premier ministre pour justifier cette volonté de l’exécutif, c’est-à-dire du président de la République et de lui-même, de prolonger l’état d’urgence, parce qu’ils souhaitent notamment que l’Euro 2016, qui se déroule du 10 juin au 10 juillet, et le Tour de France, prévu du 2 au 24 juillet, se passent dans une situation de sécurité maximale.
Prolongation de l’état d’urgence jusqu’à fin juillet
Manuel Valls semblait cependant mal à l’aise en essayant de justifier cette mesure, au point de se répéter à plusieurs reprises :
« Face à un événement aussi considérable qu’est celui de l’Euro 2016, qui doit se tenir dans la sécurité, et qui en même temps doit être une fête (…), nous devons assurer pleinement la sécurité. »
« L’état d’urgence, ça ne peut pas être un état permanent, mais à l’occasion de ces grandes manifestations, je pense à l’Euro 2016 comme au Tour de France, nous avons considéré avec le président de la République et le ministre de l’Intérieur qu’il fallait prolonger cet état d’urgence. »
Et encore :
« Face à cette menace nous avons besoin de donner ces pouvoirs, ces possibilités, sous le contrôle du juge, sous le contrôle du Parlement, pour permettre une meilleure riposte face au terrorisme. »
La mesure devait être présentée ce mercredi en conseil des ministres par le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. « Nous devons transmettre un texte (…) au Conseil d’Etat, puis ensuite au Parlement, puisque c’est le Parlement qui doit voter la prolongation de l’état d’urgence, nous proposerons de le prolonger pour une période de deux mois supplémentaires, à partir de la fin du mois de mai, au vu de la menace, sur le même périmètre, à la fois l’hexagone et les territoires d’outre-mer », a ajouté le premier ministre.
Le malaise de Manuel Valls
On comprend, cela dit, que le premier ministre se sente mal à l’aise. Parce que cette décision de prolonger une nouvelle fois l’état d’urgence est la marque d’un échec. Un échec, parce que tout au long de ces mois qui viennent de s’écouler, les autorités françaises n’ont manifestement pas réussi à faire en sorte que la menace terroriste, la menace djihadiste, soit levée. Nous vivons toujours, nous Français, sous la menace de leurs couteaux et de leurs bombes.
C’est également un échec parce que l’exécutif, qu’il s’agisse de François Hollande ou de Manuel Valls, est incapable de dire si, fin juillet, il en sera fini avec ce danger qui pèse sur nos têtes.
Du pain et des jeux
C’est bien joli de vouloir protéger l’Euro 2016 et le Tour de France, de protéger le pain et les jeux qui sont censés éviter d’avoir à penser aux tristes réalités de l’heure présente, et aux responsabilités écrasantes de ceux qui nous gouvernent.
Mais alors, pourquoi ne pas protéger les plages au mois d’août ? Les boîtes de nuit tous les samedis soir ? Et les terrains de pétanque tous les dimanches ?
Et ainsi de suite, cahin-caha, jusqu’à l’élection présidentielle de 2017. La menace terroriste pesant sur les urnes, empêchant par la peur les Français de s’y rendre, voilà qui serait un joli coup pour les djihadistes.
Voilà aussi qui interdirait définitivement aux sieurs Hollande et Valls de demander aux Français qu’ils veuillent bien y glisser leurs noms…