Famine et manifestations au Venezuela : le chaviste Maduro de plus en plus contesté

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Les manifestations contre le gouvernement du président Nicolas Maduro, successeur d’Hugo Chávez et continuateur de son « socialisme du XXIe siècle », se poursuivent sans relâche depuis le mois de mars malgré les violentes répressions de la Garde nationale bolivarienne. Samedi, des marches des femmes étaient organisées à Caracas et dans les capitales régionales pour demander la fin de la dictature de la Révolution bolivarienne tandis que les médias locaux diffusaient une vidéo montrant une statue d’Hugo Chávez abattue par des étudiants en colère contre les pénuries alimentaires : la famine aura-t-elle raison du chaviste Maduro ?
 

Le « socialisme du XXIe siècle » conduit le Venezuela à la famine

 
La faim est devenue un facteur important du mécontentement populaire dans ce pays disposant des plus grosses réserves de pétrole du monde. On peut même parler de famine dans certains secteurs de la population. Avec une inflation estimée à 720 %, une économie qui a perdu 27 % de sa richesse depuis 2013 et des importations de produits alimentaires qui ont plongé de 70 %, selon des chiffres cités par le Wall Street Journal, il n’est plus rare de voir des groupes de Vénézuéliens fouiller les poubelles ou rafler les récoltes. Une étude de Caritas conduite en février sur 800 enfants de moins de 5 ans dans quatre communes du pays a montré que près de 11 % de ces enfants souffraient de malnutrition sévère pouvant conduire à la mort, et qu’environ un enfant sur cinq était victime de malnutrition chronique de nature à compromettre sa croissance. Une situation aggravée par la détérioration des services médicaux et le manque de médicaments. Dans le Venezuela socialiste de Nicolas Maduro, neuf ménages sur dix affirment ne pas gagner assez d’argent pour acheter toute la nourriture nécessaire, et un tiers des habitants mangent au maximum deux repas par jour, contre 12 % en 2015.
 

L’opposition annonçait de nouvelles manifestations ce lundi

 
L’opposition réunie au sein de la Table de l’unité démocratique (MUD) annonçait de nouvelles manifestations pour ce lundi tandis qu’elle refusait de participer à une réunion de l’Assemblée nationale constituante convoquée par le président Maduro pour changer la constitution. La MUD considère qu’il s’agit d’un processus illégal destiné à contourner l’Assemblée nationale où elle dispose d’une majorité des deux tiers depuis les élections de décembre 2015.
 

La politique de Nicolas Maduro contestée dans ses propres rangs

 
Des scissions voient le jour au sein-même des élites socialistes de la Révolution bolivarienne qui continuent de s’agripper au pouvoir après l’explosion de colère qui a suivi l’annonce d’une nouvelle constitution par le président Maduro. Dans une interview publiée par le Wall Street Journal, le procureur général du Venezuela Luisa Ortega Díaz critique l’attitude d’un régime qu’elle servait jusqu’ici, affirmant qu’on ne peut exiger un comportement pacifique des citoyens quand l’Etat viole la loi. Luisa Ortega Díaz avait déjà dénoncé la tentative de coup d’Etat fin mars quand la Cour suprême aux mains du régime chaviste s’était arrogée les prérogatives de l’Assemblée nationale avant de faire partiellement marche arrière. Mme Ortega Díaz, toujours en poste, ce qui est inédit et pourrait être un signe de la faiblesse actuelle de Maduro, va jusqu’à dénoncer l’utilisation de tribunaux militaires pour contourner le parquet qu’elle dirige et prétend même vouloir défendre la constitution chaviste contre les velléités de l’actuel président !
 
Combien sont-ils au sein du régime vénézuélien à penser comme le procureur général ? La réponse à cette question sera décisive pour l’avenir de Maduro dans un contexte propice à une révolution ou à un coup d’Etat.
 

Olivier Bault