Veto de la Pologne contre les conclusions de l’UE sur les droits fondamentaux : elles oublient les juifs et les chrétiens !

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Pour la première fois, la semaine dernière, l’adoption des conclusions annuelles du Conseil Justice et Affaires intérieures sur l’application de la Charte des droits fondamentaux dans l’UE a été bloquée par un Etat membre : la Pologne. Zbigniew Ziobro, le ministre de la Justice polonais, insistait pour que l’on y insère deux phrases sur les discriminations et les attaques dont sont victimes les chrétiens et les juifs, et pour que ces discriminations soient mises sur un pied d’égalité avec celles dont il est question à propos des immigrés et des homosexuels de tout poil. Il semblerait que le ministre polonais ait bénéficié pour cela du soutien de son homologue hongrois, mais en définitive c’est la Pologne seule qui a opposé son veto, contraignant le ministre de la Justice autrichien à publier le texte sous forme de simple rapport de la présidence autrichienne et non de conclusions du Conseil.
 

Les conclusions annuelles du Conseil de l’UE sur le respect de la Charte des droits fondamentaux : un simple rapport cette année

 
Sur son site, le ministère de la Justice polonais a expliqué le veto du gouvernement Morawiecki contre les conclusions du Conseil de l’UE, qui nécessitent l’unanimité pour être retenues. Le communiqué publié le 11 octobre rappelle la tradition séculaire de tolérance en Pologne et le fait que la Pologne est membre de « l’union des valeurs » européenne, et que, en tant que telle, elle est comme les autres Etats membres gardienne des droits et libertés figurant dans la Charte des droits fondamentaux.
 

Le gouvernement polonais dénonce les discriminations et les incitations à la haine visant les chrétiens et les juifs dans l’UE

 
Or, rappelle le communiqué du ministère, les personnes croyantes, et en particulier les chrétiens et les juifs, sont aujourd’hui « massivement » victimes dans l’UE « d’intolérance, de discriminations et d’incitations à la haine ». Le communiqué du ministère de la Justice polonais cite plusieurs exemples de cet état de fait ainsi que des actes particulièrement graves comme l’égorgement, pendant la messe, du père Hamel en Normandie ainsi que l’assassinat de trois enfants juifs et de leur enseignant dans une école de Toulouse. Le gouvernement polonais remarque que ces événements suscitent à chaque fois des paroles de compassion de la part de la communauté internationale mais ne sont pas suffisamment condamnés dans les documents internationaux importants et ne débouchent pas sur des mesures efficaces pour les prévenir à l’avenir. En outre « leur motivation religieuse est souvent tue », observe la Pologne.
 
Le communiqué fait ensuite le lien, exemples récents à l’appui en France et en Allemagne, entre le manque de réaction adéquate à ces crimes et le sentiment d’impunité à l’origine de nombreuses agressions contre des personnes portant des signes religieux chrétiens ou juifs. Et de conclure : « C’est pourquoi la Pologne […] a demandé la prise en compte, sur un pied d’égalité avec la question du respect des droits des personnes avec une autre orientation sexuelle, des enfants d’immigrants ou des femmes, du besoin de protection des chrétiens et des juifs contre les discriminations religieuses. »
 

La Hongrie a soutenu la Pologne dans les discussions mais ne s’est pas jointe à son veto

 
Si le site américain Breitbart affirmait vendredi que la Hongrie s’était jointe au veto de la Pologne, la presse polonaise et hongroise n’en dit rien. Seul le journal Magyar Idök évoque le veto hongrois, mais en citant justement Breitbart et en précisant que la question a été posée au ministère de la Justice hongroise mais qu’aucune réponse n’avait été obtenue au moment de la publication de l’article. Il semblerait donc que le représentant de la Hongrie n’ait pas souhaité s’associer au veto polonais. Le Figaro y voit une stratégie concertée de répartition des rôles entre les deux alliés du Groupe de Visegrád.
 

Les immigrants, les homosexuels et les musulmans, seules personnes à protéger pour une majorité de gouvernements de l’UE

 
Les conclusions sur le respect des droits fondamentaux dans l’UE en 2017, qui n’ont donc finalement été publiées que sous forme de rapport de la présidence autrichienne, contiennent, dans un contexte de discriminations subies, 19 fois, le mot « musulman » décliné sous ses différentes formes, 89 fois le mot « migrant » ou « immigrant », 27 fois le sigle LGBTI – mot de ralliement du lobby homosexualiste –, mais seulement 6 fois le mot juif, et ce uniquement dans le contexte des critiques d’organisations juives à l’encontre du FPÖ autrichien et de la politique du gouvernement hongrois. Et 0 (zéro) fois le mot « chrétien ».
 

Olivier Bault

Correspondant à Varsovie