DRAME HISTORIQUE
Une vie violente ♥♥

 
Une vie violente est un drame historique qui présente les milieux dits « nationalistes » corses autour de l’an 2000. Le micro-nationalisme corse a « découvert » dans les années 1960 qu’il existerait une nation corse, radicalement différente de la nation française, et qui serait opprimée depuis deux siècles – et maintenant deux siècles et demi – par elle et son « Etat colonial ». C’est un point de vue fort discutable, mais qui peut obtenir une audience certaine en Corse : en 2017, les électeurs corses ont élu massivement des députés appartenant à cette mouvance sécessionniste, marquant un renouvellement de ce mouvement et son audience.
 
Le film, qui a une valeur quasi-documentaire, se consacre à l’histoire de cette mouvance autour de l’an 2000. A ce moment, gouverne à Paris le premier ministre socialiste Lionel Jospin, auteur d’un « processus de Matignon », conduisant la Corse à une large autonomie, et potentiellement, à l’indépendance, et émerge une nouvelle génération de jeunes militants nationalistes corses. Le film se concentre sur le destin d’un individu-prétexte assez typique, étudiant moyennement doué et motivé, qui lit beaucoup, sans forcément tout comprendre, et, quelques années de prison aidant pour recel d’armes, se prend pour un nouveau bolchevique corse, sinon un nouveau Lénine. Le lien, peu flatteur en soi, entre les petits délinquants locaux fréquentant les bars populaires de Bastia et les militants nationalistes corses est bien rendu. Le film est de façon générale honnête.
 

Une vie violente, indiscutablement un vrai sujet

 
Ces jeunes militants nationalistes corses, vers l’an 2000, se croient donc à la veille de prendre le pouvoir, par les urnes ou les armes, et de réaliser une Révolution nationale et socialiste. Le propos insiste sur l’ancrage très à gauche des nationalistes corses politisés. Ces jeunes perdront leurs illusions. La Corse souffre de structures sociales quasi-maffieuses, qui tolèrent l’action nationaliste, voire ajouterons-nous en jouent, dans certaines limites. Leurs activités criminelles ne doivent pas être perturbées.
 
Ainsi les idéalistes, plus ou moins guévaristes quand même, et armés, de « l’Armata Corsa », se font-ils assassiner les unes après les autres par le « milieu ». Une vie violente mérite donc son titre. Mais ces militants avaient commis l’imprudence de provoquer explicitement le « milieu », en le menaçant, et en assassinant un de ses agents. La réplique prévisible, totale et sans merci, a donc eu lieu. Nous n’éprouvons nulle sympathie pour des intellectuels limités se réclamant du marxisme-léninisme anticolonialiste – idéologie pour le moins confuse – appliqué à la Corse, très hostiles à la France, mais il y a là indiscutablement un vrai sujet. Il a été traité avec une forme de sympathie nostalgique, que nous ne partageons pas, qui peut parfois agacer, mais demeure honnête globalement et débouche sur un clair constat d’échec. En 2017 on peut encore s’inquiéter hélas pour l’avenir de la Corse.
 

Hector JOVIEN

 
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