Selon un rapport de la Banque mondiale publié ce mercredi, le nombre de travailleurs en Chine risque d’accuser une baisse de 10 % d’ici à 2040, soit un recul de 90 millions de personnes. La hausse des salaires et du niveau d’éducation s’est traduite par un allongement de la durée de vie et par la diminution conjointe du taux de natalité, bien inférieur au taux nécessaire au renouvellement des populations. C’est ce que note Sudhir Shetty, économiste en chef à la Banque mondiale pour la région est-asiatique et pacifique, qui réussit l’exploit de ne pas rappeler qu’il s’agit d’un effet direct de la politique de l’enfant unique. Le rapport lui-même n’en évoque pas une seule fois les effets néfastes sur la population active.
Il souligne en revanche que l’ensemble du Sud-Est asiatique connaît un vieillissement d’une rapidité et d’une ampleur inédite dans l’histoire de l’humanité.
Baisse de la population active en Chine de 10 % d’ici à 2040
De fait, la Chine va devoir faire face à plusieurs défis dans le contexte économique actuel. Si la baisse du nombre de travailleurs n’aura vraisemblablement pas un très grand effet sur la croissance de l’économie chinoise en raison des gains de productivité à prévoir, s’il faut en croire un chercheur de l’Académie chinoise des sciences sociales, elle se traduira cependant en pressions économiques et fiscales accrue sur les familles chinoises du fait du vieillissement de la population. Les personnes vieillissantes auront de plus en plus recours aux prestations d’assurance maladie, ce qui induira une hausse inévitable des impôts ou un investissement moindre dans tel ou tel secteur. On voit mal à vrai dire comment cela ne pèserait pas sur la croissance.
Accroître le taux de natalité pour contrer les effets du vieillissement de la population
Afin d’accroître le taux de natalité, le gouvernement chinois a annoncé, au mois d’octobre dernier, qu’il autorisait les couples à avoir un deuxième enfant. Toutefois, cette annonce ne devrait avoir que peu d’effet, selon Philip O’Keefe, rédacteur en chef du rapport de la Banque mondiale, dans la mesure où « seulement un quart des personnes que nous avons interrogées se disaient prêtes à accueillir un deuxième enfant, en raison du coût de la vie ».
La Banque mondiale « oublie » de dénoncer la coercition malthusienne
Le rapport pointe encore l’urgence de l’application de nouvelles réformes : l’abolition de certaines dispositions du régime de retraite qui incitent actuellement au départ précoce, notamment parmi la population féminine urbaine. Cette mesure pourrait contribuer à limiter la charge qui pèse sur le système des retraites, déficitaire cette année, de l’avis de Ma Li, directeur du Centre chinois de recherche sur le développement et la population. Il faudrait aussi augmenter l’âge de départ à la retraite à 65 ans, ce qui permettrait de dégager quelque 100 millions de travailleurs supplémentaires d’ici à 2045.
Le gouvernement chinois œuvre déjà en ce sens, comme annoncé le 20 novembre dernier par le Ministère des ressources humaines et de la sécurité sociale qui entend relever progressivement l’âge officiel de la retraite, actuellement de 60 ans pour les hommes et de 55 ans pour les femmes, et même de 50 ans pour les femmes ouvrières.