Voies sur berges à Paris : l’air donne tort à Hidalgo, les juges raison

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Incroyable. Le tribunal administratif de Paris vient de donner raison à Anne Hidalgo ! Les voies sur berges resteront fermées aux voitures, alors que l’analyse de l’air est claire : Hidalgo a tort, la pollution a empiré. Encore une fois, les juges font de la politique et de l’idéologie.
 
Ce sont les capteurs de la mairie de Paris eux-mêmes qui l’ont enregistré et mesuré : l’air de la capitale ne s’est pas amélioré depuis la fermeture des voies sur berge à la circulation. La préfecture de police est formelle. Les embouteillages n’ont pas diminué. Les voitures chassées des berges ont pris un autre itinéraire. Les quais hauts et le boulevard Saint Germain sont devenus un véritable enfer. L’augmentation de trafic a été respectivement de 13,5 % boulevard Saint Germain, 27,8 % quai de la Mégisserie et 45,6 % quai Henri IV. Bilan, constaté par Airparif avec prudence et agacement, la pollution a un peu baissé vers l’Opéra et les Champs Elysées mais pas mal crû du côté des Célestins. Encore faudra-t-il étudier ça à conditions météo égales. Bref, en gros, la réforme n’a mené à rien, sauf pour les riverains des quais, assaillis par le bruit et la fumée !
 

Donner les voies sur berges aux piétons n’améliore pas l’air de Paris

 
Plusieurs associations de riverains et collectivités d’Ile de France avaient demandé l’annulation de la délibération votée en 2016 par le conseil de Paris prévoyant la piétonnisation des voies sur berges et l’arrêté pris par Hidalgo en octobre 2016 qui la traduisait en acte. Le tribunal administratif avait bizarrement annulé la délibération sans annuler l’arrêté. La cour d’appel administrative, statuant voilà moins d’une semaine, le 22 octobre, a logiquement annulé l’un et l’autre. Elle constate, pour motiver son avis que « l’étude d’impact a délibérément occulté » une partie notable des conséquences du projet sur la pollution et les nuisances sonores. La mairie a selon elle limité « l’analyse (…) de la pollution atmosphérique à une bande étroite, autour des berges ».
 

Les juges donnent un peu d’air à Hidalgo

 
Mais Anne Hidalgo, dressée sur l’arbitraire de sa volonté, a pris le six mars 2018, un nouvel arrêté pour renforcer celui qui prenait l’eau. Cette dame cherche compulsivement à régenter la circulation parisienne, et nul échec ne l’arrête, témoin le Vélib et l’Autolib. Bien sûr, les associations, riverains, commerçants, automobilistes, et même le maire du premier arrondissement de Paris ont attaqué le nouvel arrêté. Le jugement est tombé hier. 
 
Cette fois, le tribunal administratif, malgré l’arrêt de la cour d’appel, a donné son blanc-seing à Hidalgo. Les raisons de ce oui ont changé cependant. L’échec d’Hidalgo en matière de circulation et de pollution est traité en vitesse (« Les désagréments que l’arrêté cause en termes d’allongement de temps de transport, de qualité de l’air et de nuisances sonores sur les quais hauts sont limités »). Et l’arrêté n’est plus justifié par l’environnement, mais seulement par la culture et le tourisme : « L’interdiction de la circulation automobile édictée par la Mairie de Paris est justifiée par la nécessité de préserver un site inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco » L’essentiel, pour ces drôles de juges, est d’imposer leur décision : après, ils la justifient avec ce qui leur tombe sous la main.
 

Pauline Mille