Le vrai problème avec Donald Trump

vrai problème Donald Trump
Donald Trump.

 
Ancien chrétien évangélique devenu pasteur anglican, puis prêtre catholique, le P. Dwight Longenecker – très actif sur internet – vient de publier un article expliquant les raisons de sa méfiance fondamentale à l’égard du candidat à l’investiture républicaine aux Etats-Unis, le multi-milliardaire Donald Trump. Car l’homme pose un vrai problème du point de vue de l’électeur chrétien. Nous n’avons certes pas l’habitude, de ce côté de l’Atlantique, de jauger les candidats électoraux selon des critères spirituels. Mais l’homme est un tout. Et l’analyse du P. Longenecker est intéressante…
 
Sous le titre « Le moment le plus révélateur de Donald Trump », le P. Longenecker raconte ce qui l’a le plus choqué lors du débat télévisé auquel participait le candidat samedi soir. Le plus « horrible », ce n’était pas « sa vulgarité, son langage grossier, ses attaques sexistes, sa propension à balancer des noms d’oiseaux », explique le prêtre.
 

Donald Trump, l’homme qui ne sait plus dire « pardon »

 
« Ce n’était pas non plus ses mensonges, son hypocrisie, ses manipulations et sa malhonnêteté innée. Ni son bronzage artificiel, ses fausses dents, ses faux cheveux et son visage refait. Ce n’était pas son passé d’acheteur d’hommes politiques, ses manœuvres pour saisir les biens immobiliers des vieillies dames, ses banqueroutes organisées ou ses casinos. Ce n’était pas sa vantardise, son racisme, ses rodomontades ou sa mégalomanie », poursuit l’article.
 
« C’était cette petite question de rien du tout qui lui a été posée et qui s’est révélée être une balle courbe. Une question qui disait à peu près : “Qui dans votre vie est capable de vous défier et de vous dire que vous avez tort ? Qui est la personne dont vous acceptez les critiques ? »
 
Pris de court, désemparé, Donald Trump commença à bafouiller. Parfois sa femme lui dit qu’il a tort, finit-il par avouer. Pour se reprendre aussitôt : Donald Trump est un « gagneur », un milliardaire, un homme d’affaires qui réussit, et il a tenu à le rappeler.
 

L’absence de qualité morale, un vrai problème

 
Voilà qui confirme une autre déclaration qui date de juillet dernier. Avait-il jamais demandé pardon à Dieu, lui demandait alors un journaliste. Donald Trump, qui affiche son christianisme presbytérien, répondit : « Je ne crois pas. J’essaie juste de mieux faire. Si je fais quelque chose de mal, je crois que j’essaie juste de réparer. Je n’invite pas Dieu dans ces scénarios. Je ne le fais pas. Lorsque nous allons à l’Eglise – et que je bois ma petite goutte de vin, c’est à peu près le seul vin que je boive, et que je prends ma petite biscotte – je suppose que c’est une manière de demander pardon. »
 
« Si un homme ne peut se rendre compte qu’il a fait le mal, demander pardon et accepter une demande de pardon, alors il ne peut se repentir, et s’il lui est impossible de se repentir, alors il est perdu. Son cœur est semblable à celui d’une autre créature magnifique, qui depuis le début et pour toujours est incapable de courber la tête ou de plier le genou. C’est ce que nous appelons l’“orgueil”. Non point la juste fierté après le travail et le sacrifice, ni la juste fierté que l’on ressent par rapport à sa famille, son pays ou sa foi, ni la juste fierté qui naît d’un véritable accomplissement, mais cet orgueil qui ne veut pas courber la tête ni plier le genou… L’orgueil qui refuse de servir et qui gronde, dans une rage terrifiante, Non serviam ! », écrit le P. Longenecker.
 

Donald Trump, un homme content de lui

 
Le prêtre observe qu’au début du débat, auquel participaient Jeb Bush, Ben Carson, Ted Cruz, John Kasich, Marco Rubio, on observa une minute de silence pour Antonin Scalia. Chacun inclina la tête, les yeux fermés. Trump garda la tête haute, les yeux ouverts. « Pour autant que l’on puisse en juger, voilà un homme qui ne sait pas baisser la tête. Qui ne sait pas fléchir le genou. Il ne peut pas présenter ses excuses. Il ne sait pas dire “pardon”. Il ne peut pas accepter des excuses. Il ne peut pas se repentir… »
 
« J’espère avoir tort », observe le P. Longenecker, expliquant qu’il a choisi d’écrire que Trump ne « peut » pas demander pardon parce que son refus de le faire « a probablement paralysé cette capacité il y a bien longtemps déjà ».
 
« Prenez garde. Prenez garde face à n’importe quel homme qui ne peut sincèrement demander pardon ou qui ne peut, sincèrement, humblement, virilement accepter des excuses. Dans le chef qui n’a pas une once, pas une miette d’humilité… se cache un tyran. »
 
Car oui, même en politique, la valeur spirituelle et les qualités morales jouent un rôle de premier plan !
 

Anne Dolhein