Le Comité central du Parti communiste chinois (PCC) a rendu publiques dimanche ses propositions pour amender la constitution de la République populaire de Chine. Ainsi qu’on peut le lire dans l’organe de presse en langue anglaise du Parti, le Global Times, la limitation du nombre de mandats présidentiels devrait être supprimée pour permettre à « Tonton Xi » – Xi Jinping – de rester président pour une durée illimitée. A vie, s’il le faut… Et avec des pouvoirs renforcés.
Xi Jinping président à vie
« Supprimer la limite constitutionnelle des deux mandats est une décision importante du PCC pour servir sa mission historique dans la nouvelle ère du Socialisme aux caractéristiques chinoises », explique au Global Times un professeur d’une école du Parti. « Surtout pour la période de 2020 à 2035, qui est une période cruciale pour que la Chine puisse réaliser sa modernisation socialiste, la Chine et le PCC ont besoin d’un leadership stable, fort et cohérent. ». Après 2035, il y aura la deuxième phase de modernisation socialiste, et si Tonton Xi est encore en vie, il pourra continuer d’emmener ses compatriotes vers l’avenir radieux d’un socialisme qu’il aura amélioré grâce à sa propre pensée. Car la Pensée de Xi Jinping, déjà inculquée aux enfants, pourrait être intégrée à la constitution chinoise après l’avoir été aux statuts du Parti. C’est une autre proposition avancée par le Comité central.
La pensée de Xi Jinping bientôt inscrite dans la constitution de la République populaire de Chine ?
Un autre universitaire cité par le Global Times « sous condition d’anonymat » (on se demande bien pourquoi), souligne l’importance de la trinité communiste chinoise, c’est-à-dire du fait que Tonton Xi est à la fois le président de la République populaire de Chine, le secrétaire général du PCC et le président de la Commission militaire centrale : « Pour atteindre le grand objectif de 2020 à la moitié du XXIe siècle, la Chine a besoin d’une direction centralisée et unifiée, sinon la décentralisation de l’autorité aura un impact sur la réalisation du grand objectif » (sic).
Mais un renforcement du pouvoir du Líder Máximo chinois ne saurait se passer d’une modification de la constitution, dont Xi Jinping a personnellement souligné l’importance samedi, en précisant « qu’aucune organisation ni aucun individu n’avait le pouvoir d’outrepasser la Constitution ou la loi ». C’est pourquoi les amendements à la constitution du géant communiste devront être adoptés par l’Assemblée nationale populaire (l’équivalent chinois du Soviet suprême de l’ancienne URSS) en mars avant d’entrer en vigueur.
Intensification de la surveillance du Parti communiste dans l’administration sous couvert de lutte contre la corruption
Une autre modification de la constitution chinoise concernera l’inscription dans la loi fondamentale des commissions de supervision créées dans tout le pays pour mieux contrôler et le cas échéant sanctionner l’ensemble des fonctionnaires que compte l’Empire du Milieu. Officiellement, il s’agit avant tout de lutter contre la corruption. L’agence de presse chinoise Xinhua affirme qu’un an après le lancement du projet les fonctionnaires sous supervision étroite de ces commissions sont désormais au nombre de 997.000 à Pékin (pour 21 millions d’habitants), de 1,3 million dans la province du Shanxi (pour 35 millions d’habitants), et de 701.000 dans le Zhejiang (pour 55 millions d’habitants). Une commission de supervision nationale, chargée de contrôler les commissions de supervision locale, doit être créée pendant la prochaine session annuelle de l’Assemblée nationale populaire en mars.
Ainsi que le rapportait le Diplomat en janvier, le communiqué publié après les discussions du Comité central du Parti sur cette réforme de la constitution chinoise ne laisse aucun doute sur la véritable nature du régime chinois, trop souvent ignorée dans le monde de nos jours : « La session a souligné que la pensée de Xi Jinping sur le socialisme aux caractéristiques chinoises dans une nouvelle ère est la plus récente réussite du marxisme en Chine, le marxisme contemporain en Chine, le marxisme du XXIe siècle, et l’idéologie directrice que le Parti et l’Etat doivent faire respecter sur le long terme. »