Aux Etats-Unis aussi, des compteurs “intelligents”. La méfiance des Américains à l’égard de leur version de Linky

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Le discours est partout le même. Alors que les fournisseurs d’énergie des Etats-Unis mettent en place des compteurs « intelligents », l’inquiétude grandit de les voir utilisés comme des outils de surveillance au service de Big Brother. La version américaine de Linky concerne aussi bien l’électricité, le gaz et l’eau : selon les opposants de ces compteurs connectés, ce sont autant d’outils qui permettront – et qui dans certains lieux permettent déjà – de vérifier la consommation et de sanctionner les trop gourmands, voire de rationner l’énergie ou l’eau. La méfiance s’impose. Mais sont-ils dangereux pour la santé ?
 
Utilisés à la fois chez les particuliers et chez les professionnels, les compteurs « intelligents » rendent possible une communication entre le compteur et une centrale de relevés de données, qui peuvent suivre la consommation de manière fréquente et pourquoi pas quotidienne et qui sont transmises sans intervention humaine.
 

La méfiance des Américains à l’égard des compteurs intelligents

 
Au chapitre des bénéfices annoncés pour les consommateurs, on indique que les compteurs « intelligents », comme Linky en France, permettent de mieux maîtriser ses dépenses et de réaliser des économies. Mais en vérité, ils permettent un espionnage de la part des pouvoirs publics. Au cours de la sécheresse de 2015 en Californie, ils ont été utilisés par les ceux-ci pour repérer les utilisateurs qui dépassaient leur « ration d’eau » fixée par le gouvernement de l’Etat, sans avoir d’ailleurs l’autorisation d’accéder à ses données privées.
 
En 2012, un organisme de veille du Congrès, le Congresssional Research Service, mettait en garde contre les possibilités d’utilisation délictueuse de ce suivi en temps réel de la consommation. « En observant le moment où les occupants utilisent le plus d’électricité, il peut être possible de suivre leurs habitudes quotidiennes » : une aubaine pour les voleurs cherchant à planifier un cambriolage. Ou pire…
 
Même une agence de l’Union européenne, le Contrôleur européen de la protection des données, a tenu à souligner que les compteurs intelligents permettent « la collecte massive d’informations personnelles… sans précédent dans le secteur de l’énergie ».
 

Le Linky des Etats-Unis a déjà servi à la surveillance des consommateurs

 
The New American rapporte également que ces compteurs présentent un risque d’incendie réel en raison de dysfonctionnements assez répandus qui peuvent provoquer leur explosion. En Californie, selon cette source, quelque 100.000 compteurs « intelligents » ont dû être remplacés par des modèles traditionnels en raison de ce problème. Même chose dans l’Oregon où 70.000 compteurs digitaux ont été remplacés en 2014 pour la même raison, qualifiée de « systémique » dans l’industrie par le président d’une société qui précisément les fabrique, Sensus.
 
D’autres dénoncent également radiations potentiellement dangereuses des compteurs de type Linky, comme le soutenait en 2013 un documentaire Take Back Your Power selon lequel ils émettent entre 5.000 et 190.000 pulsations par jour, cette dernière valeur aberrante n’ayant cependant été constatée que sur un seul compteur. En moyenne il s’agit plutôt de 10.000 pulsations par jour, valeur dont la nocivité pour la santé n’est pas établie, et qui est d’ailleurs nettement inférieure à celle d’autres engins électroniques, alors même que la plupart des compteurs ne sont pas à proximité des utilisateurs.
 

Les compteurs intelligents plus dangereux pour la liberté que pour la santé

 
En posant des questions sur les raisons de se méfier des compteurs « intelligents », il importe de ne pas se tromper de cible, note The New American. Leur utilité pour la surveillance est certaine, leur nocivité électrique, elle, ne l’est pas. D’ailleurs la plupart des personnes qui l’invoquent n’en tiennent pas compte pour leur routeur wi-fi, leur téléphone portable, leur télévision ou leur micro-onde dont les émissions sont bien plus importantes.
 
En se lançant dans cette discussion-là, les opposants décrédibilisent finalement les vrais arguments contre les compteurs « intelligents ».
 

Anne Dolhein