Facebook introduit une nouveauté dans son fil de nouvelles sous prétexte d’offrir une priorité aux « posts » amicaux et familiaux. Derrière ces termes sucrés il faut comprendre que le réseau social va réduire la visibilité des pages rédigées par des éditeurs et des sites de nouvelles, étape supplémentaire de sa guerre contre l’information et en conséquence, de son entreprise de déconnection du public par rapport aux enjeux politiques. Une nouvelle censure s’installe…
L’influence de Facebook sur les sites d’information s’est accrue de façon gigantesque
L’influence de Facebook sur la croissance ou l’échec des publications et sites d’information s’est accrue de façon gigantesque ces dernières années. Exemple : lors de l’entrée en fonctions du président Donald Trump, la couverture par Fox News a comptabilisé le plus grand nombre de téléspectateurs sur le câble, soit 8,8 millions. Mais la vidéo Facebook sur le même événement en a attiré près du double, soit 16 millions. En 2017, la vidéo d’information la plus partagée sur la plateforme a été vue 67 millions de fois. « Facebook détient désormais le pouvoir de faire et de défaire les éditeurs de contenus », commente Allum Bokhari, sur le site conservateur Breitbart.com.
Le nouveau système imposé par la firme globaliste de Mark Zuckerberg va ralentir la diffusion des contenus issus des tuyaux d’information, sous le prétexte de lutter contre les « fausses nouvelles ». Puisque les tentatives consistant à attaquer certains éditeurs en particulier peuvent être assimilées à des manipulations politiques, ce qui par le passé a failli entraîner une enquête sénatoriale sur Facebook, la plateforme pourrait tout simplement ralentir la diffusion des contenus de tous les éditeurs, indistinctement. Ce qui reviendrait à obliger par exemple les 3,7 millions d’abonnés à Breitbart via Facebook à opérer une manipulation spéciale pour naviguer sur ses pages Facebook au lieu de les recevoir automatiquement. Facebook interdira à ses abonnés de conserver l’ancien système.
Allum Bokhari (Breitbart) : « Aucune autre organisation, sauf peut-être le politburo soviétique, n’a eu autant d’influence »
Ce changement brutal souligne l’extraordinaire influence de Facebook sur le paysage médiatique. « Aucune autre organisation, sauf peut-être le politburo de l’Union soviétique, n’a eu autant d’influence sur autant de canaux d’information en même temps », dénonce Allum Bokhari. Or l’influence sur l’information induit une influence sur la vie politique. On l’a vu avec la censure qu’a opérée Facebook sur une vidéo pro-vie, censure levée à la suite de l’immense émoi qu’elle avait provoqué. Facebook, avec quelque 2 milliards d’utilisateurs actifs, est devenu incontournable pour la diffusion des idées et des contenus politiques.
De nombreux articles et éditoriaux abordent actuellement l’influence de Facebook sur les élections américaines, en particulier en ce qui concerne la « panique russe », allégations infondées d’une supposée influence de Moscou sur l’élection de Donald Trump – qui oublie délibérément les compromissions nucléaires passées d’Hillary Clinton avec les mêmes Russes. Mais l’influence de Facebook s’étend bien au-delà des frontières des Etats-Unis. Les Philippines, par exemple, affichent 41 millions d’utilisateurs actifs âgés de 18 à 65 ans, masse considérable susceptible de peser lourd dans les scrutins alors que les positions du président philippin, Rodrigo Duterte, dont la lutte contre la criminalité et la drogue est le point fort, se situent aux antipodes de l’idéologie de Mark Zuckerberg. Comme c’est le cas avec Donald Trump.
Au Cambodge, le nouveau système de Facebook a bâillonné l’opposition
Facebook a testé son nouveau système fin 2017 dans six pays, parmi lesquels le Cambodge. L’opposition, censurée par les médias audiovisuels, s’appuie sur l’internet pour conserver son contact avec la population. Or la réforme opérée par Facebook a quasiment tué les éditeurs cambodgiens indépendants et indiscutablement renforcé le tout-puissant parti au pouvoir. C’est la raison pour laquelle la comparaison avec l’Union soviétique est pertinente. Le ministère soviétique de la propagande étendait ses pouvoirs à la Pologne, à l’Allemagne de l’Est et jusqu’à Cuba ou la Mongolie. L’influence de Facebook va même plus loin puisque la plate-forme couvre presque toute la Terre, Chine exceptée.
En étranglant les nouveaux éditeurs, Facebook tend à rendre du pouvoir aux médias anciens, largement acquis à l’establishment globaliste, qui viennent de subir brièvement une perte d’influence et d’assister à une montée des populismes et comptent bien reprendre la main. C’est pourquoi les politiciens de l’establishment, américains comme européens, l’ont poussé à accroître son contrôle des contenus.
La censure de Facebook se dissimule derrière sa décision de privilégier les posts amicaux et familiaux
L’Allemagne exige que la plate-forme applique ses règles scélérates contre les « discours de haine » tandis qu’aux Etats-Unis les pressions se multiplient pour qu’elle bloque la supposée « influence russe », « influence » qui, en France, ulcère le président Emmanuel Macron depuis que Russia Today a ouvert un site d’information francophone. Le mouvement est au demeurant général dans les pays occidentaux, et singulièrement en France, où les grands médias tendent à réduire la masse d’informations politiques mises à disposition du simple citoyen, noyant leurs journaux de nouvelles dépolitisées – prendre soin de sa santé, cultiver son jardin ou organiser ses promenades du dimanche…
Pour autant, l’opinion n’est pas manipulable à loisir et la réalité niée revient à la face de ses censeurs sous forme d’un « retour parodique », le bien connu boomerang. A la suite de l’annonce de sa décision hypocrite de « privilégier les fils amicaux et familiaux », Facebook a vu son action chuter de 4,5 %, réduisant la fortune personnelle de Mark Zuckerberg de 3,3 milliards de dollars, apparemment le prix à payer pour assurer son rôle de maître censeur. Dont les éditeurs de contenus, et plus encore les citoyens jaloux de leurs libertés, feraient bien de se défier.