Gemma Bovery est l’adaptation d’un roman anglophone méconnu, lui-même une variation sur la Madame Bovary de Flaubert, qu’il suit d’assez près. M. et Mme Bovery, Anglais de Londres, décident de s’installer en Normandie, utopie rurale française séduisante, à la mode au-delà de la Manche. Madame fait des rencontres. Le cinéphile se souvient d’Alceste à bicyclette, excellente variation sur le Misanthrope de Molière, avec comme acteur principal, Fabrice Luchini, au cœur de la promotion de Gemma Bovery. Or autant ce film-ci était réussi, autant Gemma Bovery déçoit. Il est fort difficile d’adapter le roman de Flaubert, dont la trame initiale est reprise. Une femme dans la campagne normande s’ennuie, accumule les amants. Sans le style d’écriture exceptionnel de Flaubert, quel intérêt ? De nos jours, triste époque, une telle histoire tient de la banalité revue mille fois…
Les séductions de Gemma Bovery ne reposent sur aucune finesse du scénario ou du jeu de l’actrice anglaise Gemma Arterton, qui exhibe des formes aguichantes, filmées sans pudeur particulière. La curiosité du film est de présenter une rareté, un Fabrice Luchini au jeu sobre, convenant certes pour un personnage après tout secondaire. Quelques touches d’humour, quelques bonnes répliques, amusent un peu. Seul le bon connaisseur du roman initial peut légèrement s’amuser de la transposition, globalement décevante.
Octave Thibault