Dans un village en Angleterre, des habitants font un barrage de leur corps pour empêcher l’installation de « gens du voyage »

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Les conseillers bloquent l’entrée du terrain de jeu.

 
Ce sont des gens ordinaires qui ont empêché l’installation d’un campement de « gens du voyage » sur un terrain de jeux de leur petite commune rurale de Weeley, dans le Sussex en Angleterre. Dans ce gros bourg de moins de 2.000 habitants, c’est l’ensemble de la population qui s’est mobilisée lundi pour faire barrage aux Roms qui entendaient installer leurs caravanes sur ce bout de terre communal. Simples villageois, membre du conseil paroissial, dames retraitées : ils se sont couchés devant le convoi pour former un bouclier humain, obligeant les nomades à battre en retraite.
 
La presse britannique évoque des habitants âgés qui ont « risqué leur vie » en se tenant debout pendant 20 minutes devant des véhicules menaçants, tremblant visiblement.
 

Les villageois de Weeley se dressent devant les caravanes des « gens du voyage »

 
Le convoi des gens du voyage était arrivé à l’improviste. C’est un conseiller du comté, Andy Erskine, qui l’a vu approcher et entrer dans un parking à proximité de la mairie. Il n’hésite pas une seconde : il fait irruption dans une réunion du conseil de paroisse qui se tient justement à cette heure-là et lance l’alerte. Personne ne veut le croire. Devant son insistance, les membres du conseil sortent dans la rue. Et passent à l’action. Ils sont prêts à tout pour empêcher la mise en place du campement : ils se couchent devant les voitures du convoi.
 
« Ils », c’est surtout « elles » : la plupart des membres du conseil de la paroisse sont des dames d’un certain âge. Racontant les faits, les villageois de Weeley avouent avoir eu très peur alors qu’une caravane était déjà entrée sur le terrain convoité, tractée par un camion, et qu’une autre caravane était en train de passer la barrière.
 

En Angleterre, mobilisation réussie dans un village unanime contre un campement sauvage

 
« Deux d’entre nous étions debout devant la voiture. Elle nous poussait alors je me suis couché par terre. Je pensais qu’ils allaient devoir me faire du mal pour arriver à passer », raconte Mike Brown, un technicien dentaire. Pendant ce temps-là les dames se sont précipitées sur l’autre voiture, tenant bon pendant 40 minutes jusqu’à l’arrivée de la police. Les autres membres du convoi s’étaient peu à peu dispersés entre-temps.
 
Ce sont les habitants qui ont appelé la police, insistant pour qu’ils viennent vite à mesure que la situation devenait plus « animée ». S’agissant d’une tentative de campement sauvage, la police n’a ni pas tardé et a permis de sauvegarder le droit des habitants de Weeley. Depuis lors, un paysan local a barricadé l’entrée du terrain municipal avec de la machinerie lourde.
 
Andy Erskine commente : « Je n’ai jamais vu des gens coopérer aussi efficacement, pendant tout le temps où j’ai été conseiller, pour empêcher une chose dont ils ne veulent pas. C’est un excellent exemple de membres d’une communauté disant : nous n’accepterons jamais ça. »
 
Si cette histoire a une morale, c’est que face à ce que l’on n’accepte pas, le courage individuel pour se lancer et agir est plus galvanisant que les discussions : il y a un moment où la volonté collective s’affirme d’elle-même.
 

Anne Dolhein