Un portrait du maire de Londres, Sadiq Khan, héros de la société multiculturelle et musulman

portrait Sadiq Khan maire Londres société multiculturelle musulman
 
C’est l’islam qui définit Sadiq Khan, maire de Londres. Et c’est le très progressiste New Yorker qui l’affirme à sa façon : sans esprit critique et même avec un brin d’admiration. Dans un portrait de cet homme politique d’origine indienne arrivée au poste névralgique de maire de la capitale du Royaume-Uni, le magazine américain salue la figure de celui qu’il appelle « le politicien le plus populaire du pays ».
 
Le New Yorker évoque les qualités qui ont fait de Sadiq Khan une vraie star : depuis son sens de l’humour jusqu’à sa stature menue, tout en soulignant combien sa trajectoire politique doit à son parcours proprement islamique et « sectaire ».
 
L’article rappelle que Khan a représenté des suspects d’islamisme terroriste et des musulmans radicaux – sans toutefois souligner ses liens avec un leader du groupe « Nation de l’Islam », Louis Farrakhan, connu pour ses déclarations outrancières sur les Blancs (des « diables ») et les juifs (des « suceurs de sang »).
 

Le musulman Sadiq Khan a défendu des islamistes

 
Tout cela ne semble guère gêner le New Yorker qui salue au contraire la vague du multiculturalisme qui a porté Sadiq Khan à la place qu’il occupe aujourd’hui, et qui présente avec admiration le rôle joué par le maire de Londres à la suite de l’incendie dramatique de Grenfell Tower.
 
On retiendra cependant quelques indications fort utiles données par le magazine, comme celle-ci :
 
« Il vous citera des passages du Coran et des hadiths, les dires du Prophète, quand il parle de terrorisme. Lorsque je lui ai demandé comment on prononce son nom (…) Khan a épelé son prénom en arabe – saoud alif daal kaaf – en expliquant que cela signifie “honnête”. En 2009, lorsqu’il a prêté serment comme membre du Privy Council, très ancien conseil d’hommes politiques de premier plan, Khan a apporté son propre Coran à Buckingham Palace et l’y a laissé, car le palais ne disposait pas d’un exemplaire. Parfois on a l’impression qu’il mène un exercice d’éducation religieuse d’homme à homme. “Bien des gens ayant des postes de pouvoir ou d’influence n’ont jamais rompu le pain avec un musulman. Une partie de l’exercice consiste à les rassurer : ‘Le ciel ne va pas tomber sur vos têtes. Vous êtes entre de bonnes mains. Tout ce qui vous inquiète m’inquiète aussi. Tous vos rêves, je les partage.’” »
 

Le maire de Londres vise le poste de Premier ministre du Royaume-Uni

 
L’auteur de l’article, Sam Knight, n’hésite pas à raconter comment Sadiq Khan, élevé dans le sud de Londres, se rendait à l’école coranique après les cours pour recevoir son instruction islamique. Comment il changeait de trottoir pour éviter les skins. Comment ses frères s’adonnaient à la boxe pour confronter les autochtones qui les traitaient de « Pakis » (manière désobligeante de qualifier les Pakistanais).
 
Où l’on apprend aussi que le cabinet d’avocats qu’il devait intégrer après ses études représentait fréquemment des membres présumés de l’IRA… Sadiq Khan lui-même a plaidé pour des islamistes et a pu par le passé qualifier les musulmans modérés d’« Oncle Tom » – gens de couleur désireux de se faire bien voir des Blancs. Il s’est dédit depuis.
 

Portrait du maire d’une société multiculturelle

 
L’article évoque aussi les tensions parmi les musulmans au moment de l’élection de Sadiq Khan, membre du courant sunnite majoritaire au Royaume-Uni. Si lui-même nie avoir fait pression contre un adversaire du courant ahmadiyya, moins islamiste, il semble établi que certaines mosquées ont participé à la lutte politique contre son représentant au nom de leur version de l’islam. Ce qui est sûr, c’est que Khan a été élu avec une très courte majorité en 2010 : moins de 3.000 voix.
 
L’ambition de Sadiq Khan est de devenir Premier ministre, selon l’entourage du maire de Londres cité par le New Yorker. Une ambition qui, toujours selon les sources citées par le magazine, le conduit à la prudence dans les déclarations politiques, notamment lorsqu’il évoque les sujets qui fâchent comme le Brexit – même s’il a mené campagne contre celui-ci. Il ne veut pas apparaître comme chef de file de ce mouvement. Ni de la communauté musulmane, cela va sans dire. Il se veut consensuel pour percer.
 
Voilà qui tombe bien : avec la technique de la taqqiya qui permet de dissimuler sa vraie pensée pour faire progresser l’islam, Sadiq Khan dispose d’un outil qui lui permet d’avancer sans trop afficher sa religion dans tous ses tenants et aboutissants tout en restant à son service.
 

Anne Dolhein