Rapport 2016 de « Portes Ouvertes » : la persécution des chrétiens ne fait qu’augmenter

Rapport Portes Ouvertes persécution chrétiens
 
L’ONG protestante, « Portes Ouvertes » qui se consacre à la défense des chrétiens persécutés dans le monde à cause de leur foi, a publié en ce début d’année, son rapport sur l’année 2015 – plus précisément sur l’année glissante qui court du 1er novembre 2014 au 31 octobre 2015. Les résultats sont sans appel : la persécution s’intensifie et surtout s’étend, l’année écoulée battant tous les derniers records.
 

Persécution de 150 millions de chrétiens dans le monde

 
150 millions de chrétiens persécutés dans le monde… Persécutés, c’est-à-dire discriminés, pressurés, rejetés, violentés, tués. L’Index mondial de persécution de « Portes Ouvertes » a l’immense intérêt de conjuguer tous ces aspects et même de les distinguer en fonction de la provenance de la violence, qu’elle soit privée, familiale, sociale, civile, ecclésiale. Qu’elle vienne du gouvernement, des autorités, de factions rebelles ou qu’elle vienne du peuple.
 
Il repère ainsi « les 50 pays où la foi coûte le plus ». Pour entrer dans ce classement, le nombre de « points » de persécution à atteindre a augmenté avec les années – ce qui est déjà un signe.
 
On y distingue trois centres névralgiques, aisément devinables : le Moyen-Orient, l’Afrique et le monde hindou. Les 9 pays présentant les plus fortes persécutions sont, dans l’ordre, la Corée, l’Irak, l’Erythrée, l’Afghanistan, la Syrie, le Pakistan, la Somalie, le Soudan et l’Iran…
 

Au moins 7.100 chrétiens tués pour leur foi : + 63 % par rapport à 2014

 
De manière certaine, « au moins 7.100 chrétiens tués pour des raisons liées à leur croyance, soit une augmentation de 63% par rapport à l’année dernière où on en comptait 4.344. Chaque année, ce nombre ne cesse d’augmenter, montrant une croissance de la persécution contre les chrétiens dans le monde (en 2013, ils étaient 2.123 et en 2012, 1.201) ». Et « Porte ouvertes » dénombre au moins 2.406 églises ciblées, soit une fois encore « plus du double par rapport à l’année dernière où on en comptait 1.062 (en 2013, elles étaient 1.111). »
 
Précisons que ces chiffres sont forcément en-dessous de la réalité, l’équipe de recherche ne pouvant combiner que des informations de terrain et celles publiées dans la presse et sur internet. Les gouvernements, incriminés ou pas, ont rarement l’intérêt de les laisser étalés…
 

Meurtrière Afrique, Nigeria en tête

 
Encore une fois, le Nigeria est le tristement grand gagnant de ces pays meurtriers : 4.028 assassinats, rien que pour lui (le double de l’année précédente). Suivent une brochette de pays africains : la Centrafrique, le Tchad, le Congo, le Kenya, le Cameroun. Enfin, la Libye, la Syrie, le Pakistan et le Myanmar.
 
Cette année encore, dans le classement général de l’index, les pays africains sont nombreux : « 16 sur 50, dont 7 dans les 20 premiers », nous dit le rapport. « Parmi les 15 pays qui se tiennent à la porte de l’index et qui risquent d’y entrer dans les prochaines années, on trouve 9 [autres] pays africains, principalement en Afrique subsaharienne. Cette région constitue le premier foyer d’extrémisme islamique au monde après le Moyen-Orient »
 

La synthèse du rapport de « Portes Ouvertes »

 
La persécution d’Etat est toujours d’actualité, ainsi que le démontre la Corée du Nord, en tête de liste pour la 14e année consécutive : le christianisme y est considéré comme « ennemi d’Etat », ils sont entre 50.000 et 70.000 fidèles à croupir dans ses camps de travail… Le communisme athée est un champion en la matière – ça ne date pas d’hier – et la Chine est sur un semblable chemin.
 
Mais surtout, encore, de plus en plus, l’extrémisme islamique est la première source de persécution – une tendance qui ne fait que se renforcer. « Dans 35 pays sur les 50 que compte l’index, l’extrémisme islamique est le principal mécanisme de persécution, que ce soit dans des pays du Moyen-Orient, d’Afrique Subsaharienne ou d’Asie ».
 
De la part de factions ou de califats auto-proclamés comme Boko Haram et l’Etat Islamique, à l’origine de la persécution antichrétienne dans 4 des 10 pays en tête de l’index (l’Irak, la Syrie, la Somalie et la Libye) – sans compter l’Afghanistan.
 
Mais pas seulement : les sociétés musulmanes elles-mêmes se radicalisent de plus en plus, laissant de moins en moins de libertés aux dhimmis que sont les chrétiens. Il y a un réel refus de coexister avec ces non-musulmans déclarés, qui va du nettoyage ethnique pur et dur, comme on peut le voir en Afrique, aux brimades répétées qui entraînent l’exclusion, la répression et souvent la fuite.
 

L’interventionnisme américain n’a pas aidé

 
C’est le spectre du totalitarisme, athée ou religieux, qui domine – l’un et l’autre ont d’ailleurs su s’allier en temps voulu pour vaincre l’Occident chrétien…
 
Un article du magazine en ligne The New American faisait aussi remarquer, hier, que le plus grand facteur de contribution à la persécution actuelle des chrétiens au Moyen-Orient (et en Libye) était l’interventionnisme américain.
 
En ce qu’il a œuvré à déstabiliser des régimes musulmans tolérants envers les chrétiens, laissant « involontairement » place nette aux terroristes islamistes.
 
On peut en effet le vérifier en Irak : depuis la guerre américaine et l’élimination de Sadam Hussein, c’est la fuite éperdue des chrétiens irakiens, devant les hordes de l’Etat Islamique. Même schéma pour la Syrie qui voit la débâcle de ses derniers chrétiens, poursuivis, chassés de leurs maisons, parfois même décapités par l’Etat Islamique qui a largement bénéficié de l’aide américaine, parce qu’il combattait parmi « les rebelles », Bachar el Assad…
 
Même en Libye, Boko Haram a su bénéficier de l’offensive menée par l’OTAN, récupérant de très importants stocks d’armes, comme ont pu le démontrer des rapports de l’ONU en 2012.
 
Dégât collatéral plus que regrettable…
 

Clémentine Jallais