La commission des droits de la femme et de l’égalité des genres du Parlement européen (FEMM) a adopté à la mi-juin, par 21 votes pour et 9 contre, le rapport de l’eurodéputée espagnole Liliana Rodrigues sur l’émancipation des jeunes filles par l’éducation dans l’Union européenne. Le rapport contient de nombreuses références à l’idéologie du genre. La discussion de plusieurs centaines d’amendements a modifié le texte mais l’ensemble reste un document dictatorial qui cherche à définir ce qui sera enseigné à toutes les jeunes filles au sein de l’Union européenne. Il sera soumis au vote en séance plénière au Parlement européen.
L’idée fondamentale du rapport est qu’il faut en finir avec les « stéréotypes de genre » afin de permettre aux jeunes filles d’accéder à tous les métiers, et d’en finir aussi avec toutes les « discriminations » dont les femmes sont victimes : prédominance dans les professions « subalternes » et les métiers moins bien payés. Pour cela il faut peser sur le contenu de l’éducation, mais aussi « éduquer » les parents. Le rapport va jusqu’à préconiser un système de quotas, fût-il transitoire, pour obliger les hommes à travailler dans le domaine des soins. Y compris et surtout dans le domaine de la petite enfance.
Le rapport Rodriguez considère que « seuls les États ont la capacité d’assurer l’enseignement universel, obligatoire et gratuit, condition essentielle pour garantir l’égalité des chances entre les hommes et les femmes », ce qui est une charge à peine voilée contre toute liberté dans l’éducation et constitue une spoliation évidente des droits des parents.
Le rapport Rodrigues sacralise l’idéologie du genre
Tout au long du rapport, et notamment dans ses « considérants », il est question de la notion de « genre » comme d’un « construit social » lié à de nombreux facteurs comme la classe sociale, la culture, la sexualité : cela crée des « injustices » d’autant plus que « l’école contribue à la reproduction des représentations sociales liées au genre », comme le dit le rapport de travail.
Pour lutter contre toutes ces « injustices », le rapport adopté à une large majorité par la commission des droits des femmes veut peser sur les contenus des enseignements tout au long de la scolarité dans les pays de l’UE : pour cela, il faut des « centres de recherche pédagogique » sous la houlette d’« organismes créés par l’Union européenne », des études politiques pour assurer que toute loi future respecte « l’égalité de genre ». Tout cela devra être appuyé par la formation initiale et continue des enseignants, transformes en fidèles petits soldats de la lutte pour l’égalité de genre…
Quant aux responsables d’écoles, ils auront le devoir d’éplucher les manuels et le matériel pédagogique existants pour y traquer les « stéréotypes et préjugés sexistes ». Il faudra, pour être bons citoyens européens, y inclure la « perspective de genre » et « l’égalité de genre » ?
La commission des droits de la femme du Parlement européen adopte le rapport Rodrigues
Ils seront également encouragés « à lutter contre le sexisme présent dans la littérature, le cinéma, la musique, les jeux et d’autres domaines qui contribuent de manière radicale à changer les attitudes, le comportement et l’identité des garçons et des filles ». Et tant pis si les garçons n’ont pas envie de jouer à l’élastique !
En réalité, c’est toute l’éducation qui est à prendre en mains – par l’Etat ! – dans cette perspective : le rapport Rodrigues « réclame la promotion d’une approche holistique de l’éducation formelle et informelle dans les écoles, une approche sensible à l’inclusion des droits de l’homme, de la dignité humaine, de l’égalité des genres et du développement de l’estime de soi, en encourageant les filles et les femmes à prendre des décisions en toute connaissance de cause, tant au niveau personnel que professionnel ». L’école doit se garder de se cantonner à l’instruction : elle doit éduquer, et en l’occurrence modifier, toute la personne humaine.
Le Parlement européen veut confisquer l’éducation aux parents
L’association Europe for Family a dénoncé le rapport en condamnant son absence de base juridique légale et ses atteintes « à la liberté de pensée, à la liberté d’expression, à la vie privée » et au droit des parents d’être les premiers éducateurs de leurs enfants. « La commission FEMM fait passer en séance plénière du Parlement Européen un texte qui viole le Principe Fondamental de Subsidiarité de l’Union Européenne, la Déclaration Universelle des Droits l’Homme et le Pacte International des Droits Civils et Politiques », précise l’association – sans rappeler toutefois que le principe de subsidiarité vu par l’Union européenne est interprété à l’envers.
La présidente de l’association espagnole « Profesionales por la Etica », Leonor Tamayo, indique que ses démarches auprès des députés européens n’ont servi à rien, mais affirme sa détermination à résister : « Nous n’allons pas permettre que l’on endoctrine nos enfants avec l’idéologie du genre. Nous, parents, sommes leurs premiers éducateurs et ce droit est reconnu à la fois sur le plan national et international. Avec le rapport Rodrigues et ses recommandations, les valeurs de nombreuses familles et de divers modèles éducatifs comme l’éducation non-mixte n’ont plus leur place dans le système éducatif. »