« Yevgeni », transfuge du FSB, affirme que la Russie soutient le groupe terroriste Etat islamique

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Des officiers du FSB sur la scène d’un bombardant à l’Aéroport International Domodedovo en 2011. Combattre le terrorisme est une des tâches principales de l’agence.

 
Lors d’un entretien télévisé du 6 décembre dernier sur la chaîne ukrainienne TSN Weekly, un ancien officier du FSB (Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie) a déclaré que la Russie soutenait le groupe terroriste Etat islamique tout en s’y opposant ostensiblement. Connu sous le nom de code « Yevgeni » cet ex-officier des services secrets russes affirme que le FSB était pour le moins complice des attentats terroristes de Paris du 13 novembre dernier et qu’il était impliqué dans la création de l’Etat islamique qu’il influence au moyen de ses agents infiltrés, au même titre que d’autres organisations terroristes islamiques affiliées.
 

Le FSB au cœur des réseaux terroristes de l’Etat islamique, selon un « ancien »

 
En outre, ce transfuge qui aurait été spécialisé dans les organisations terroristes et les activités de contre-terrorisme au sein du FSB, assure que parmi les flots de réfugiés qui envahissent l’Europe, il y a des agents russes musulmans ayant pour mission d’infiltrer les communautés musulmanes. Financés par le FSB, ils sont censés gagner en notoriété —grâce à des dons— au sein de leurs communautés respectives afin de fournir des renseignements de première main au Kremlin sur les activistes musulmans en Europe, permettant ainsi Moscou d’exercer son influence sur les communautés.
 
Au sujet des attentats de Paris, le transfuge du FSB fut catégorique dans sa réponse au journaliste qui lui demandait si le FSB était impliqué ou à tout le moins au courant : « Etant donné les connexions établies au sein des communautés musulmanes d’Europe, ils ne pouvaient qu’être au courant de la préparation d’attentats terroristes. Ils le savaient mais n’en ont rien dit. » Et d’ajouter à charge : « Ils sont complices des attentats terroristes (…) directement ou indirectement. »
 
En d’autres termes, les révélations de « Yevgniy » indiquent que la Russie voulait que les attentats se produisent ou tout au moins qu’elle ne s’y opposait pas.
 

Moscou était au courant du projet d’attentats à Paris, selon Yevgeni

 
Cette stratégie fait écho aux propos d’un ancien haut responsable du KGB, Anatoliy Golitsyn, sur les motivations de l’Union Soviétique à soutenir le terrorisme :
 
« L’objectif de la violence est de créer le chaos et l’anarchie en vue de peser sur les partis démocratiques en place, d’éliminer leurs leaders les plus capables, de les contraindre à recourir à des mesures antidémocratiques, pour prouver aux populations leur incapacité à faire respecter la loi et l’ordre, laissant ainsi le champ libre au parti communiste légal de se présenter comme la seule force alternative viable. »
 
En dépit du fait que la Russie est communément qualifiée de « post-communiste » de nos jours, certains n’hésitent pas à dire que l’âme communiste est toujours viscéralement ancrée dans le cœur des héritiers de la Tchéka, l’ancêtre du KGB et du FSB actuel.
 
Or, Vladimir Poutine qui a dirigé le FSB de 1998 à 1999 semble bien s’inscrire dans ce courant lorsqu’il déplore la chute du bloc communiste, la qualifiant de « plus grande catastrophe géopolitique » du 20e siècle. A la lumière de ces éléments, l’on comprend mieux comment « la Russie pourrait tirer profit » des attentats de Paris, selon les propos du transfuge du FSB.
 

La Russie aurait soutenu l’Etat islamique contre Al-Qaïda pour gêner les Etats-Unis

 
Quant à la question de l’implication des services spéciaux russes dans la création de l’Etat islamique, « Yevgeniy » est catégorique : « Les services spéciaux russes étaient persuadés que la création d’une organisation terroriste comme alternative à Al-Qaïda, pour gêner les Etats-Unis, à l’instar du Dombas pour l’Ukraine, serait un bonne chose. »
 
Le Directeur du FSB déclarait, dans une allocution donnée à l’occasion du sommet de lutte contre l’extrémisme violent des 18-20 février derniers à Washington, que 1.700 citoyens russes combattaient dans les rangs de l’Etat islamique. Poutine a lui même actualisé ce chiffre en octobre dernier, estimant le nombre de ces combattants russes entre 5.000 et 7.000.
 
Ces affirmations peuvent être prises au sérieux à la lumière de l’histoire des services secrets russes et de leurs liens avec le terrorisme en général, et de l’intérêt marxiste pour l’utilisation des forces contraires en vue d’arriver à leurs fins : la dialectique.
 

Nicklas Pélès de Saint Phalle