Le compte Twitter ouvert par Russia Today (rt.com anglophone) propose de faire revivre l’histoire de la révolution bolchevique de 2017 comme si elle était contemporaine – et révèle un regard russe admiratif et affectueux sur l’arrivée au pouvoir du marxisme-léninisme. Ces derniers jours, sous les hashtags communautaires #1917CROWD et #1917LIVE, on peut y découvrir les courts portraits de plusieurs personnalités de la révolution d’octobre attachées à l’amour libre, l’égalité de genre, l’égalité sociale. Rien de nouveau sous le soleil : le détricotage des différences entre hommes et femmes a été mis en place et vécu dès le début de l’ère soviétique, une opération qui passe aussi par la mise en place d’une dialectique, façon lutte des classes, entre les sexes.
Premier exemple : Lilya Brik, « femme fatale, bourrée d’esprit ». « En 1917, Lilya Brik n’avait que 25 ans. Elle est connue surtout pour avoir été la muse et la maîtresse du poète Mayakovski, mais il y a bien plus de choses à en dire », nous dit-on.
#1917LIVE : la révolution bolchevique « tweetée » par ses contemporains
« Intelligente et très instruite, elle était elle-même auteur et actrice, et de manière plus importante encore, elle était inspiratrice. On a de nombreux tableaux d’elle signés des grands artistes de son temps. Une photo réalisée par Alexander Rodchenko, transformée plus tard en collage, est encore souvent utilisée par la culture pop. » Bref, une figure qui continue d’avoir sa pertinence aujourd’hui et ce d’autant, comme le précise rt.com, que Lilya, son mari Osip Brik et le poète Mayakovski, étaient probablement engagés dans une relation amoureuse à trois.
Le journal intime de Lilya Brik n’a jamais été publié, mais on croit savoir qu’elle multipliait les amants sans jamais s’en cacher et croyait que l’art véritable requiert la liberté. Ni dogme, ni morale – ni contraintes !
Amour libre, égalité de genre : des « erreurs de la Russie »…
Le deuxième personnage monté en épingle dans cette rétrospective, c’est Alexandra Kollontai. Très proche de Lénine, elle a eu une vraie carrière politique. Première femme ministre de l’histoire – assure rt.com – elle est également une des premières femmes ambassadeur, représentant la Russie communiste en Suède. En 2017 sa vie amoureuse renvoie vers des situations plus contemporaines. Agée de 45 ans en 1917, elle était follement amoureuse du révolutionnaire Pavel Dybenko, homme-clef du mouvement bolchevique : il avait 17 ans de moins qu’elle. Voilà qui ne nous dépayse guère.
Fille de général, polyglotte, elle n’était pas une femme du peuple mais faisait tout pour faire oublier son passé de « nantie », prêchant le socialisme dans de nombreux pays du monde auprès des jeunes. Alexandra Kollontai a voué une part importante de son activité à la défense des droits de la femme et de « l’égalité de genre » au motif que le socialisme crée l’égalité entre les classes. A titre personnel, elle a multiplié elle aussi les aventures « amoureuses ».
La révolution bolchevique, un mai 68 avant la lettre…