Famine dans moins d’un an au Royaume-Uni en cas de Brexit sec

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Selon le syndicat des agriculteurs britanniques, le Royaume-Uni se trouvera à court de nourriture dans un an en cas de « Brexit sec », c’est-à-dire sans accord avec l’Union européenne. Cette promesse de famine est à double tranchant, car elle condamne le libre-échange qu’elle veut promouvoir.
 
Minette Batters, la présidente du NFU (National Farmers Union, syndicat national des agriculteurs britanniques), répondant au ministre du Brexit Dominic Raab pour qui la nourriture du Royaume Uni sera assurée en toute hypothèse, craint qu’un Brexit sec n’ait une incidence terrible sur l’approvisionnement du Royaume-Uni et souhaite un accord « sans friction » avec l’UE. Le syndicat des agriculteurs britanniques est très inquiet pour ce qu’on appelle là-bas la sécurité d’approvisionnement en nourriture, et chez nous auto-suffisance alimentaire.
 

Dans moins d’un an, ce sera la famine au Royaume-Uni

 
Minette Baters a fait procéder au calcul de la date théorique à partir de laquelle le Royaume-Uni se trouvera à court d’approvisionnement alimentaire en cas de Brexit sec. Il s’agit du 7 aout 2019, dans moins d’un an. Le grand syndicat agricole fonde ses inquiétudes et ses projections sur une tendance statistique lourde et ancienne : le Royaume Uni, qui produisait 73 % de ce dont il avait besoin pour nourrir sa population en 1986, n’en produit plus que 60 % trente ans plus tard. Un bref regard sur les tableaux du ministère de l’agriculture britannique, produit par produit, est instructif : Les œufs, les légumes et fruits frais, le blé, la viande, même le mouton et le bœuf, manquent en Angleterre dans des quantités effrayantes. Seuls le lait et le beurre s’en tirent, et il y a excédent commercial pour le saumon fumé et le whisky.
 

Bronzing catastrophe : le Brexit sec, c’est l’enfer sur terre

 
La question qu’on doit se poser est : à quoi sert la publication d’une telle prédiction en plein mois d’août (quinze jours après la célébration du jour où la terre vit à crédit) ? Réponse : à terroriser le public qui frit sur les plages. On lui avait promis qu’en cas de Brexit la bourse s’effondrerait et l’économie régresserait jusqu’au Crétacé supérieur. Ça n’est pas arrivé. Il faut plus fort. Une bonne famine, ça parle. La première cible est explicitement le Brexit, surtout sec, abomination nationaliste et populiste. Subsidiairement, on suggère aux habitants du Royaume-Uni de changer leurs habitudes alimentaires. Planter des pommiers, ça peut se faire vite, mais il s’agirait de réduire les petites saucisses et le bacon du breakefast, dont se passent fort bien leurs compatriotes musulmans.
 

Et si le Royaume-Uni en finissait avec le libre-échange absolu ?

 
Question : est-ce que la propagande ne va pas se retourner contre elle-même ? L’Anglais moyen, insulaire de longue date, va peut-être vouloir recouvrer son indépendance alimentaire. Et se rendre compte que le libre-échange, en le gavant de produits européens et mondiaux, est à l’origine de ses angoisses : on le submerge de lime et de mangues toute l’année, mais on le prive de ses bonnes vieilles nourritures britanniques. La menace de famine est le prix dont il paye le rêve de Cocagne que lui a fait miroiter le libre-échange intégral. Ceinture serrée, régime sec, travail dur peuvent seuls lui permettre d’en sortir avec le Brexit. Avec un doigt de whisky le dimanche, car le stock est bon.
 

Pauline Mille