La mondialisation produit les outils pour constater qu’elle est très inégale. Au Soudan du sud, la petite Athiak, dont le père dit qu’elle a 19 ans alors que la mère affirme qu’elle n’en a que 14 et qu’elle est donc mineure, avait deux prétendants. L’un, Chol, quarante ans, a offert une dot de 123 bovins, un terrain et 39.600 euros, et ainsi obtenu sa main. Le mariage des mineurs est illégal au Soudan du Sud mais encore très fréquent (52 % des filles se marient avant 18 ans et certaines avant 12). La jeune mariée a été emmenée au Kenya par son époux. On sait tout cela par TikTok et les vidéos mises en ligne. Une avocate attaque le père, la mariée confie au Guardian qu’elle aurait préféré faire des études. Cela indique clairement que, malgré les efforts d’uniformisation des sociétés et d’alignement des morales dans le monde, de grandes disparités demeurent : les mariages arrangés, qui étaient de règle partout voilà cent ans, et la dot, qui déterminait souvent le choix du père décideur, gardent au Soudan du Sud et dans d’autres pays un poids plus grand qu’en Europe et en France. On peut le déplorer, mais on voit mal au nom de quoi des esprits soumis au relativisme doctrinal et moral le condamneraient. Il faut s’appuyer sur quelque chose pour prétendre faire évoluer des populations.