L’équipe Trump, la « crise climatique » et la taxe carbone : tensions en vue

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Alex Newman du New American était sur place à la COP29 en Azebaïdjan ; il en revient, porteur de « mauvaises nouvelles », comme il dit, alors que les participants se sont mis d’accord sur le triplement de l’enveloppe pour les « pays en développement » pour faire face au « réchauffement climatique » : 300 milliards de dollars par an à financer par les « pays riches ». Si les commentaires de la grande presse annoncent un accord « lamentable » – on espérait 1.000 milliards annuels – les milieux climatosceptiques partageaient un optimisme inverse : l’arrivée de Trump n’allait-elle pas changer la donne ? Eh bien, on n’en sait rien : selon Newman, il faut plutôt prévoir des « tensions », puisque « les Républicains au Congrès, et même certains au sein de l’administration Trump », croient fermement en l’origine humaine du réchauffement. Elon Musk – constructeur de véhicules électriques – est ainsi partisan de la taxe carbone.

Trump lui-même a déclaré il y a deux ans que ce récit constitue une « escroquerie », et que son mouvement « Make America Great Again » (MAGA) aurait pour objectif de la mettre au jour et de la détruire. Au cours de sa campagne récente, Trump s’amusait de ce que l’on parle de « réchauffement » quand il fait chaud, et de « changement climatique » quand il fait froid : « Ainsi, s’il fait plus chaud, tout va bien. S’il fait plus froid, s’il pleut, s’il neige au milieu de l’été, c’est le changement climatique. Et nous avons dépensé des milliards et des milliards de dollars pour des choses telles que l’installation d’éoliennes dans des plaines magnifiques, des champs, des vallées et des océans. »

 

Les conseillers climat de Trump à fronts renversés

Dans la vidéo où Alex Newman présente tout cela, il rappelle : « Pendant son premier mandat, Trump avait un conseiller en matière de climat, le Dr. William Happer, un grand physicien de l’université de Princeton. (…) Je voudrais partager avec vous un petit extrait d’une interview que j’ai faite avec lui très récemment, avant que Donald Trump ne soit élu. Il affirme que non seulement le changement climatique est un gigantesque canular, mais qu’en fait, le CO2 est bon pour la planète. »

Alex Newman demandait : « Quels conseils donneriez-vous aux Américains ordinaires et aux décideurs politiques républicains ? » Réponse de Happer : « Eh bien, je pense que le premier message est de vous assurer qu’il n’y a pas de crise. Il n’y a rien à résoudre. (…) C’est simplement du gaspillage d’argent, c’est une prise de pouvoir, c’est de la démagogie… Rien de tout cela ne sert l’individu moyen. Il faut donc se méfier de ces gens et les révoquer si possible. »

Mais à Bakou, ce n’est pas ce langage qui a été tenu par les Américains. « Comparez cela avec les Républicains qui sont arrivés à la COP29, une délégation de cinq membres républicains du Congrès, presque tous issus de circonscriptions fortement productrices d’énergie, où l’on produit du charbon, du pétrole, du gaz naturel. Ils se sont présentés et, c’est vrai qu’ils ont déclaré : “Nous allons extraire du pétrole. Nous allons développer l’utilisation de l’énergie en Amérique.” Mais chacun d’entre eux, à un degré ou à un autre, a également adhéré au mensonge selon lequel le CO2 est mauvais, et que nous devons réduire le CO2, que les émissions humaines de CO2 sont en quelque sorte mauvaises et que nous avons raison d’essayer de les réduire. J’ai trouvé cela franchement épouvantable », commente Alex Newman.

 

Avec la taxe carbone, de gros intérêts sont en jeu

De gros intérêts sont en jeu, signale-t-il : l’industrie de la capture du carbone, par exemple…

Mais une autre question est posée par la présence d’Elon Musk dans l’équipe à laquelle Trump veut confier la politique des Etats-Unis. Ce dernier a récemment déclaré :

« Honnêtement, ma principale recommandation serait d’instaurer une taxe sur le carbone. Si le prix n’est pas le bon, l’économie ne fait pas ce qu’il faut. Nous avons donc une externalité non tarifée dans la concentration de carbone dans les océans et l’atmosphère. Si nous lui donnons un prix, le marché réagira de manière sensée.

« Qu’en pensent 90 % des économistes ? Ils sont tous d’accord pour dire que c’est ce qu’il faut faire. Vous pouvez en faire une taxe non agressive. Vous pouvez dire, par exemple, que faire si quelqu’un roule beaucoup et a de faibles revenus ? Parfait, accordez-lui un rabais. Et d’ailleurs, SpaceX paiera aussi la taxe carbone. Ce n’est pas que nous ne devrions pas avoir d’activités génératrices de carbone, c’est juste que ce type devrait avoir un prix pour ces activités. Je pense que mon administration devrait adopter une position ferme sur cette situation. »

 

Le point de vue d’Elon Musk, constructeur de véhicules électriques

Dans un entretien avec Leonardo DiCaprio, Musk précisait :

« Le fait scientifique est que nous nous dirigeons inévitablement vers un certain niveau de dangerosité. Par conséquent, plus tôt nous agirons, moins il y aura de dégâts. Nous avons fait des calculs : que faudrait-il pour que le monde entier passe à l’énergie durable ? Quel serait le débit nécessaire ? Et vous avez besoin de 100 giga-usines. (…) Tesla ne peut pas construire 100 giga-usines. Ce qui fera vraiment la différence, c’est que des entreprises bien plus grandes que Tesla fassent la même chose. Si les grandes entreprises industrielles de Chine, des Etats-Unis et d’Europe, les grands constructeurs automobiles, font de même, nous pourrons collectivement accélérer la transition vers l’énergie durable. Si les gouvernements établissent des règles favorisant les énergies durables, nous pourrons y parvenir très rapidement. Mais il s’agit d’une question fondamentale. S’il n’y a pas de prix pour le carbone, nous ne pourrons jamais effectuer la transition nécessaire à temps. »

D’autres membres de la future administration Trump tiennent un même discours, tels Lee Zeldin, le nouveau « Monsieur Climat », et Howard Lutnick, co-président de l’équipe de transition, nommé à la tête du ministère du Commerce ; il est « profondément impliqué dans les efforts de création de marchés du carbone et de tarification du carbone », rappelle Newman.

Il ajoute : « Je ne dis pas que Donald Trump va céder à cette pression, mais il va subir de fortes pressions, même de la part de son entourage, qui le poussent dans cette direction. Et nous avons vu les “singes” républicains du Congrès capituler sur ce point. Nous ne sommes donc pas encore sortis d’affaire… »

 

Tensions en vue chez Trump autour d’un canular ou d’une vérité incontestable

Et avertit : « Le canular climatique est fondamental pour le mondialisme, pour les contrôles totalitaires sur notre économie, pour la refonte de l’ordre mondial, pour la construction d’un ordre mondial multi polaire, pour la fermeture et la démolition de l’économie américaine, et pour le développement de l’économie américaine. La démolition de l’économie américaine, l’envoi de notre capacité de production en Chine, où l’on construit deux centrales électriques au charbon par semaine. »

A l’inverse, d’autres membres de l’équipe Trump tiennent un discours inverse : « Il y a de bonnes nouvelles. Le candidat au poste de secrétaire à l’énergie, Chris Wright, est un grand partisan du pétrole et le PDG d’une société pétrolière et gazière, Liberty Energy. Il n’a pas hésité à dénoncer les efforts déployés pour lutter contre le changement climatique à l’aide de ces différentes escroqueries », affirme Newman.

Chris Wright a notamment déclaré :

« L’électricité représente 20 % de l’énergie mondiale fournie. Si nous recouvrions toute la planète de panneaux solaires et que nous en tirions toute notre électricité, cela représenterait 20 %. Il nous resterait à fournir les 80 % restants de l’énergie. Et ces 80 % restants, le plus gros morceau, est représenté par l’industrie manufacturière. Le monde moderne se compose de quatre matériaux : le ciment, l’acier, les plastiques et les engrais sans quoi il ne se passe pratiquement rien sur notre planète. Rien ou presque n’est fait sans ces matériaux ou ne provient de quelque chose qui a été fabriqué avec ces matériaux, y compris les éoliennes. Ce ne sont que des tours géantes en acier avec des bases en ciment et ces pales géantes sont fabriquées à partir de pétrole. Ce sont donc des incarnations physiques géantes des hydrocarbures. »

Un fait à rappeler, la prochaine fois qu’on vous parlera d’« énergie propre » !

 

Anne Dolhein