Syrie, Ukraine : un 8 décembre géopolitiquement agité

Syrie Ukraine 8 décembre
 

Donald Trump était à Paris ce week-end pour la réouverture de Notre-Dame de Paris, et, impromptu, Emmanuel Macron a organisé sa première rencontre in vivo avec Volodymyr Zelensky, venu lui aussi, en t-shirt et baskets, au pied de la Vierge en sa cathédrale. Personne ne l’a certes cherchée mais ils l’ont eue : une rencontre sous les auspices de l’Immaculée, aux premières vêpres de sa fête.

D’ailleurs Trump, que tout le monde s’amusait à mépriser avant le 5 novembre, est celui vers lequel tous les grands de ce monde se tournent avec respect, avides d’une poignée de mains (pour douloureuse qu’elle soit), de paroles échangées, d’un instant d’attention. A l’inauguration de Notre Dame, c’était lui qui donnait le la, lui à la place d’honneur entre Emmanuel et Brigitte. Saint-Simon eût considéré cela avec un amusement moqueur.

 

Bouleversement en Syrie, paix en Ukraine ?

Le lendemain, fête de l’Immaculée, Damas tombait aux mains des rebelles, Bachar el-Assad, tyran détesté, obtenait l’asile « humanitaire » à Moscou – qui rapatriait en même temps d’urgence ses troupes et son matériel en Syrie, et même ses navires de Tartus. C’est un revers de taille pour la Russie, qui n’a plus d’ouverture sur la Méditerranée. Le Bosphore lui étant fermé, la voilà repoussée au nord vers la Baltique et l’Arctique. Si elle n’a pas voulu s’engager sur le front syrien, alors même qu’elle tente de se déployer en Afrique, n’est-ce pas le signe d’une impuissance ? C’est en tout cas le signe que la Russie veut ou se voit contrainte d’envoyer.

Trump réclame un cessez-le feu immédiat sur le front ukrainien. Zelensky a annoncé, dimanche, que la paix devait être « juste », mais il n’a pas dit non. Et la Russie est ouverte à des discussions sur l’Ukraine, a annoncé dimanche 8 décembre 2024 le Kremlin, comme l’a fait savoir dès dimanche le porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov.

 

Trump change la donne (mais le 8 décembre, c’est la fête de l’Immaculée)

Nul ne sait ce qui sortira des pourparlers sur l’Ukraine, ni ce que sera l’avenir de la Syrie que l’Iran, fidèle allié de Poutine, a lui aussi abandonné, après avoir assisté à la défaite de ses forces au Liban : le Hezbollah islamiste, auxiliaire de choix du « laïque » parti Baas syrien.

Les cartes géopolitiques sont en voie d’être rebattues à la face du monde. Tour de passe-passe ? Chef-d’œuvre d’illusionnisme ? Espoir authentique ? Il y a eu trop de retournements ces derniers mois pour qu’on se risque à répondre. Mais ce qui se passe un 8 décembre mérite notre attention.

 

Jeanne Smits