Simplistes, idéologiques, marquées par le parti pris : telles sont les petites vidéos proposées sous forme de dessins animés aux enseignants britanniques par la BBC, financée par le contribuable, de la série « Bitesize », comme ressources pour les professeurs d’histoire du niveau KS3 (en France, cela correspond aux années du collège). La BBC ne se contente pas d’être gauchiste : elle prêche sans trop de précaution le communisme et la révolution. Et dénonce au passage le capitalisme pour faire bonne mesure. L’orientation de cette propagande diffusée par un média d’Etat on dit long sur les forces qui sont aujourd’hui en ordre de bataille.
Mais la vidéo Bitesize la plus scandaleuse à cet égard est bien celle intitulée « What is Communism ? ». Elle réussit l’exploit d’évoquer plus d’un siècle de communisme sans la moindre mention des dizaines et des dizaines de millions de morts qui ont accompagné la violente imposition du collectivisme athée, sans même parler de la misère provoquée par l’étatisation tous azimuts. Oubliée, aussi, l’apparition systématique dans les pays communistes d’une Nomenklatura qui en tire profit sur le dos du peuple. Au temps du wokisme, l’important, c’est de prêcher la lutte des classes. La vidéo fait d’ailleurs comprendre que le communisme n’est tombé qu’en raison de l’hostilité du monde capitaliste, et spécialement des Etats-Unis, à son encontre. La notion de totalitarisme n’est même pas mentionnée.
Des vidéos éducatives de la BBC faussement neutres sur le communisme
Le Telegraph cite à ce sujet Clifford D. May, fondateur et président du groupe de réflexion sur les relations internationales Foundation for Defense of Democracies, qui accuse la BBC de « renier son histoire » au sein du World Service.
« A l’époque soviétique, des millions de personnes opprimées, de Berlin-Est à Vladivostok, se rassemblaient autour de radios à ondes courtes pour écouter les informations du BBC World Service, même si elles savaient que cela pouvait les conduire au goulag, voire leur coûter la vie. Ils comprenaient que le plus grand ennemi des régimes communistes est la vérité. Le communisme implique nécessairement un Etat à parti unique, l’absence de séparation des pouvoirs, l’absence de partis d’opposition ou d’associations civiques indépendantes, et l’absence de liberté d’expression ou de conscience. Le communisme va à l’encontre de tout ce que la BBC a toujours représenté », dit-il.
La BBC actuelle fournit aimablement la transcription de la vidéo sur le communisme, suffisamment parlante pour que nous en présentions la traduction intégrale :
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Qu’est-ce que le communisme ?
La conception moderne du communisme a été créée en 1848 par Friedrich Engels et Karl Marx, lorsqu’ils ont utilisé ce terme dans leur célèbre pamphlet, Le Manifeste communiste.
L’idéologie communiste s’articule autour d’un modèle dans lequel tous les moyens de production, tels que les outils, les usines et les matières premières, appartiennent à la communauté dans son ensemble. Dans ce système, la propriété privée n’existe pas. Chaque individu contribue selon ses capacités et reçoit selon ses besoins.
Comme tous les biens appartiennent à la communauté, il n’y a pas de hiérarchie sociale.
Les partisans du communisme estiment que celui-ci permet d’éviter les problèmes causés par les inégalités de répartition des richesses dans d’autres systèmes économiques.
A l’époque moderne, les Etats communistes ont été créés à la suite d’une révolution au cours de laquelle la classe ouvrière ou le prolétariat a renversé le régime en place.
L’exemple le plus marquant est celui de la Russie en 1917, où Vladimir Lénine et ses partisans, les bolcheviks, ont mené une révolution communiste qui a renversé la famille impériale russe.
Leur slogan « Paix, pain et terre » a trouvé un écho auprès des paysans russes, lassés de l’implication de leur pays dans la Première Guerre mondiale et des nombreuses inégalités de leur société.
A la suite de la révolution, de nouveaux organes dirigeants, appelés soviets, ont été mis en place dans toute la Russie et dans les anciens Etats de l’empire. Cela a conduit à la création de l’Union des républiques socialistes soviétiques, ou Union soviétique, en 1922.
Bien sûr, ce système avait également ses détracteurs. Ils lui reprochaient d’être trop centralisé et de limiter excessivement la liberté individuelle.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’Union soviétique est devenue une superpuissance mondiale, exerçant son influence sur de nombreux pays d’Europe de l’Est et au-delà.
Cependant, le communisme était considéré comme un rival et une menace pour le capitalisme occidental, en particulier par les Etats-Unis.
Cela a conduit à de grandes tensions politiques pendant la majeure partie de la seconde moitié du XXe siècle, période connue sous le nom de « guerre froide ».
La guerre froide a pris fin en 1991 avec la dissolution de l’Union soviétique.
Cependant, cela n’a pas signifié la fin totale du communisme. Aujourd’hui, il ne reste plus que quatre pays communistes dans le monde, dont la Chine est le plus grand et le plus puissant.
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Qu’en retient-on ? Que les paysans russes ont accueilli le communisme avec enthousiasme – eux qui ont payé un si lourd tribut de sang au Moloch révolutionnaire –, qu’il a apporté une réponse aux inégalités sociales et permis l’émergence d’une superpuissance que des intérêts égoïstes avides d’argent ont renversé.
Pas un mot du Goulag, pas un mot des 100 millions de victimes – selon l’estimation la plus basse possible – tuées au nom du communisme, rien sur les persécutions religieuses, la surveillance omniprésente, les polices politiques… Les atrocités de la marche de Mao vers le pouvoir n’existent plus, ni le Lao Gaï, ou le génocide cambodgien… A peine la vidéo parle-t-elle des « détracteurs » et de quelques excès en matière de centralisation et de limitation de la liberté individuelle. Sans leur donner raison.
Les vidéos éducatives de la BBC semblent regretter le communisme
Sans surprise, la vidéo sur le capitalisme, sans donner dans la caricature, emploie des mots clefs propres à déclencher des réflexes conditionnés chez l’auditeur :
« Les détracteurs du capitalisme affirment qu’il concentre le pouvoir et la richesse entre les mains d’une minorité, la classe capitaliste, qui tire profit de l’exploitation des travailleurs et privilégie le profit au détriment de l’intérêt général, du développement durable et de l’environnement. »
Mensonge par omission, mensonge par présentation tronquée, mensonges directs sur la réalité des choses : tout y est. La vidéo sur la révolution, « Pourquoi les révolutions se produisent-elles », en donne un autre exemple. On y entend :
« Une révolution politique survient lorsqu’un grand nombre de personnes sont mécontentes des règles ou des contraintes de leur société et décident d’agir… La Révolution française a éclaté en 1789, après deux décennies de mauvaises récoltes, de sécheresse, de maladies du bétail et de hausse du prix du pain. Cela a provoqué des troubles généralisés parmi les classes pauvres et ouvrières et a abouti au renversement de la classe dirigeante et à l’établissement de la République française, qui a placé le pouvoir entre les mains du peuple. »
La lecture des événements est toujours marxiste. Elle ne dit rien des ressorts profonds de la Révolution, et prétend que celle-ci donne effectivement le pouvoir au peuple…
Ne pas s’étonner de ce qu’en même temps, la propagande publique (au Royaume-Uni comme en France) dénonce le « populisme ». Il ne s’agit pas de dire la vérité, mais de manipuler les masses.