Pour la chercheuse US Marisol Ruiz, l’immigration justifie l’avortement des pauvres et la théorie du genre

Marisol Ruiz Immigration Avortement Theorie du genre
 
Marisol Ruiz, chercheuse mexicano-américaine, estime, dans un article publié par une revue de l’université Yale, que la cause majeure de l’immigration clandestine depuis l’Amérique centrale vers les Etats-Unis est démographique : trop d’enfants = trop de pauvreté = pression migratoire. Pour en venir à bout, elle propose de promouvoir le « gender mainstreaming » – suivre une politique de « normalisation » en application de la théorie du genre – et la santé reproductive, à savoir la contraception et l’avortement légal dans ces pays pauvres.
 
Il ne faut jamais mésestimer le pouvoir des « intellectuels ». Surtout lorsqu’il s’agit d’idéologues.
C’est dans la revue YaleGlobal, publication officielle de la prestigieuse université américaine consacrée à la problématique du mondialisme, que cette chercheuse en relations internationales et questions de genre, Marisol Ruiz, se penche sur la question de l’immigration clandestine à la frontière sud des Etats-Unis. Il y a une solution, assure-t-elle – et elle ne passe pas par des contrôles accrus, une surveillance policière améliorée, ni même par une augmentation de l’aide internationale pour prévenir la misère qui crée des candidats à l’immigration.
 

Développement et immigration

 
Non : il faut tout voir depuis la perspective du « genre ». En faisant la promotion de la « santé reproductive », en facilitant l’accès à la contraception, en légalisant l’avortement dans les pays d’Amérique centrale où il demeure puni par la loi. Le problème est entre autres « démographique », en effet, et se traduit par le flux de milliers de prétendus mineurs non accompagnés qui font le périlleux voyage vers la frontière américano-mexicaine. Selon l’universitaire, ils fuient « la violence, les crimes liés au trafic de stupéfiants, la pauvreté, le manque de perspectives d’avenir ». Qu’ils viennent du Mexique, mais surtout du Honduras, d’El Salvador ou du Guatemala, 40% d’entre eux ont déjà un membre de leur famille aux Etats-Unis. C’est en tout cas un « drame humanitaire et moral », écrit-elle.
Ne faudrait-il donc pas plutôt aider ces pays à se développer ? Pour Marisol Ruiz, la réponse est oui – mais elle passe selon elle par l’abandon des « solutions à court terme » et l’identification préalable du « défi majeur de la région  : des taux de natalité élevés qui contribuent à l’état de pauvreté désespérée ».
 

Le « gender mainstreaming » utilise la théorie du genre

 
Et comment le réduire ? Par le « gender mainstreaming », l’élimination des différences et des inégalités entre hommes et femmes. Une application strictement orthodoxe de cette théorie qui n’existe pas, la théorie du genre. « Une des solutions à long terme est bien d’encourager les gouvernements d’Amérique centrale à allouer des ressources – les leurs et toutes celles que les Etats-Unis sont prêtes à déloquer – à toute politique réductrice des inégalités et de promotion du gender mainstreaming : une approche globalement acceptée en vue d’obtenir l’égalité de genre ». Elle se réclame explicitement des objectifs promus par l’agence onusienne UN Women.
Cela passe par l’éducation des femmes et des petites filles, souligne l’auteur. « Les femmes qui poursuivent leur scolarisation au-delà du primaire ont en moyenne 2,2 enfants de moins que les autres et ont plus de chances d’envoyer leurs propres enfants à l’école » : c’est là le moyen d’en finir avec le cercle vicieux des bandes armées, de la drogue, de la pauvreté et de la multiplication des orphelins.
 

Avortement et le planning familial

 
L’école est ici conçue clairement comme un instrument malthusien. C’est dans la même perspective que Marisol Ruiz plaide pour une amélioration de la santé maternelle et infantile : dans le même souffle, elle propose d’« investir dans la planification familiale et la santé reproductive ». « L’accès aux moyens contraceptifs modernes dans les nations d’Amérique centrale est limité, tout comme l’accès à l’avortement sûr et légal », regrette-t-elle, soulignant à l’unisson des féministes le scandale de son interdiction totale au Salvador et au Honduras, « deux des sept pays » où il n’existe aucune exception à la pénalisation de l’avortement.
Tout en expliquant – ce qui est controuvé par les faits, en Irlande et au Chili par exemple – que la conséquence de cette pénalisation de l’avortement est un taux de mortalité et de morbidité maternelles élevé, Marisol Ruiz insiste : en mettant fin à cette interdiction au nom de la santé des femmes, en leur donnant un accès effectif à la contraception, on pourrait « réduire de plus de 66% les grossesses non planifiées » dans des pays comme le Honduras ou le Salvador. Un chiffre proposé par l’institut Guttmacher, anciennement lié à l’association américaine pour le Planning familial et toujours partisan de l’avortement légal partout dans le monde.
 

Pour Marisol Ruiz, moins d’enfants = moins d’immigration

 
Le lecteur en tire lui-même cette conclusion : moins d’enfants, c’est moins de misère, moins de pression démographique, cela veut dire une moindre tentation d’émigrer vers le Nord, là où la richesse abonde et où la vie semble facile.
En clair : pour en finir avec l’immigration clandestine, les Etats-Unis ferait bien de couper le flux à la source.
Pour cela, souligne Marisol Ruiz, il faudrait que toute « aide d’urgence » des Etats-Unis soit conditionnée par l’acceptation du principe du « gender mainstreaming » par les pays concernés – sous-entendu, la santé reproductive dans toutes ses facettes.
Marisol Ruiz n’est peut-être qu’une universitaire avec une idéologie à défendre. Mais dans le monde, la théorie du « genre » et la politique qui en découle sont à l’œuvre partout, et elle est en réalité la voix d’un courant dominant sinon majoritaire. C’est si vrai qu’à l’appui de sa thèse la chercheuse invoque explicitement les priorités des Nations unies et de la Banque mondiale. Où l’on voit que ces institutions supranationales utilisent les désordres qu’elles sèment (le vagabondage des populations) et le malheur et la peur qu’ils suscitent dans les pays d’accueil, pour convaincre ceux-ci de souscrire à d’autres désordres, moraux ceux-ci, qu’elles promeuvent (le choix de la mort justifié par le malthusianisme).