Pour la première fois dans l’histoire, la France a cédé le commandement opérationnel de son Charles De Gaulle à une nation étrangère : le seul porte-avions nucléaire au monde qui ne soit pas américain – et l’unique porte-avions en service dans la Marine nationale – a été placé sous le commandement des États-Unis. Aucun grand media français n’a relayé l’information. Dimanche, le général Martin Dempsey a été le premier Chef d’état-major des armées des États-Unis à en fouler le sol.
Le Charles De Gaulle dans le Golfe persique
Depuis l’arrivée du navire dans le golfe Persique le mois dernier, jets français et américains effectuent des missions conjointes de formation. Le Charles De Gaulle a été intégré à un groupe aéronaval, aux côtés du porte-avions américain, l’USS Carl Vinson. Les deux navires disposent d’un niveau élevé d’interaction : les chasseurs français Rafale se posent et décollent du Carl Vinson, tandis que notre porte-avions accueille des F/A-18 Hornet américains.
« Je pense que c’est encourageant que les Français apportent dans ce combat une ressource aussi rare que précieuse pour eux », a déclaré le général Martin Dempsey…
La France était déjà le premier pays à avoir rejoint en septembre 2014 la coalition international dirigée par les États-Unis – même si les frappes aériennes ont été davantage, par la suite, le fait de la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, avec douze Rafale et neuf Super Étendard modernisés embarqués, le Charles De Gaulle a nettement renforcé le dispositif français dans la coalition, qui comptait jusqu’à présent neuf Rafale aux Émirats et six Mirage 2000D en Jordanie. Il est de plus, accompagné d’un sous-marin nucléaire d’attaque, d’une frégate de défense anti-aérienne et d’une autre anti sous-marine, ainsi que d’un pétrolier ravitailleur, soit quelque 2.700 marins embarqués, dont 2.000 pour le seul porte-avions.
Sous commandement américain contre l’Iran
Les marines française et américaine travaillent donc désormais en « intégré », sous commandement opérationnel américain. Et pas seulement en vue de frappes aériennes contre les positions de l’EI en Irak ou en Syrie. Ce mois-ci, sont menées de vastes manœuvres près des eaux territoriales iraniennes, en coopération avec les pays membres du Conseil de coopération du Golfe Persique. Une pression supplémentaire sur l’Iran en pleine négociation nucléaire à Lausanne, qui n’est pas à négliger.
Le temps a passé depuis de Gaulle, qui refusait « le protectorat américain » « sous le couvert de l’OTAN ». On peut clairement se poser la question de notre indépendance nationale, en matière de Défense. Le général Dempsey a beau adresser ses remerciements à la France « pour sa contribution aux efforts de guerre contre les djihadistes », on doute que ce soit là le seul objectif…