Dans une tribune publiée par la version anglophone de la source Russia Today (RT) qui appartient à l’agence gouvernementale russe RiaNovosti, l’ambassadeur russe au Royaume-Uni, Alexander Yakovenko, plaide pour des liens plus étroits entre l’Union européenne et l’Union économique eurasienne. Cette dernière étant largement calquée sur le fonctionnement de l’UE, il y a là une logique qui est loin d’être inattendue. Et vu que Yakovenko est l’ancien ministre-adjoint des Affaires étrangères russe, on peut ajouter que son point de vue reflète celui du pouvoir russe. Ce rapprochement s’inscrirait parfaitement dans le cadre de l’intégration mondialiste qui se manifeste actuellement par la multiplication des traités régionaux de libre-échange et de régulation supranationale à travers le monde.
La tribune – dont RT prend soin de noter qu’elle ne reflète pas nécessairement le point de vue de la rédaction, encore que l’on voie mal où pourrait se situer la divergence – met l’accent sur les « obstacles » que posent les partenaires européens et la bureaucratie de l’UE. Alexander Yakovenko mentionne les « différends » qui opposent actuellement la Russie à l’Union européenne « sur certains problèmes internationaux, y compris la crise ukrainienne » mais assure, à la suite de Vladimir Poutine, que le « dialogue politique, les contacts diplomatiques et la coopération pratique » doivent se poursuivre.
Alexander Yakovenko reflète la pensée de Poutine sur l’intégration mondialiste
« En tant qu’entités géopolitiques les plus importantes du continent européen, la Fédération russe et l’Union européenne sont naturellement interdépendantes de multiples façons, liées qu’elles sont par leurs racines civilisationnelles communes, la culture, l’histoire et l’avenir. La Russie et l’UE sont les deux centres majeurs de pouvoir politique et économique du continent. Le développement d’un partenariat stratégique avec l’UE a toujours été l’une des priorités de la Russie pour sa politique étrangère », écrit-il.
Soulignant l’importance du volume d’échanges entre la Russie et l’Union européenne – notamment par le biais de l’énergie exportée par la Russie et la représentation « large » des sociétés européennes dans « quasiment tous les domaines de l’économie russe », Yakovenko assure que « Moscou est prêt pour une coopération encore plus étroite avec Bruxelles et les autres capitales européennes ».
La Russie veut des liens étroits entre l’UE et l’Union économique eurasienne
« Voilà pourquoi la Russie soutient fortement une éventuelle intégration économique entre l’Union économique eurasienne et l’Union européenne. Il s’agira d’une intégration des processus d’intégration des deux blocs. Nous croyons qu’il n’y a pas de contradiction entre les deux modèles de coopération, puisqu’ils sont tous deux basés sur des normes et des principes similaires, y compris celles de l’OMC. Les deux unions peuvent se compléter efficacement », souligne l’ambassadeur.
Affirmant qu’il faut utiliser les « difficultés actuelles » de l’intégration européenne, Alexander Yakovenko note qu’il est évident que l’expansion de l’UE en tant que vecteur principal de l’intégration régionale a ses limites ». Il faut les utiliser de manière « créative », écrit-il, en donnant sa feuille de route en termes on ne peut plus clairement favorables à la mondialisation :
« L’idée d’une intégration entre l’UE et UEE reflète une initiative, exprimée par le président Poutine, en vue de la création d’un espace économique et humanitaire (sic) commun de Lisbonne à Vladivostok : un marché continental valant des milliards d’euros, basé sur les principes de la sécurité égale et indivisible, qui engloberait aussi bien les membres des unions intégrées que les nations qui n’en font pas partie. Des objectifs communs, telles la stabilité politique, la justice sociale et la prospérité économique, font de l’UEE et de l’UE des partenaires naturels. L’UEE est ouverte et inclusive, et pleine cohérence avec le concept d’un espace économique pan-européen. Nous accueillons avec joie le soutien diplomatique qui se fait jour en faveur de liens plus étroits entre l’UEE et l’UE de la part de certains leaders européens, en particulier ceux de l’Allemagne et de la France, et nous espérons que les autres suivront leurs exemples. »