Le groupe pétrolier Total a confirmé lundi l’arrêt définitif de sa production et de sa commercialisation de charbon, devenu effectif avec la vente de sa filiale Total Coal South Africa à une entreprise locale, vente qui vient d’être validée par le gouvernement sud-africain.
Concrétisée le 20 août, cette cession a des motivations clairement idéologiques, le groupe Total ayant annoncé, le 1er juin dernier, par la voix de son directeur général Patrick Pouyanné, s’engager à mettre un terme à sa production de charbon afin de limiter l’impact de ses activités sur le changement climatique.
Pris par six groupes pétroliers et gaziers, cet engagement consistait à fixer un prix du carbone pour rendre le gaz plus compétitif que le charbon, et réduire ainsi les émissions de CO2. Qu’on ne vienne donc plus nous parler, demain, du coût des matières premières…
Total abandonne définitivement le charbon
« Nous serons complètement sortis du “business” du charbon avant la fin 2016 », précise, quoi qu’il en soit, le groupe pétrolier dans son communiqué.
La compagnie minière sud-africaine Exxaro Resources qui hérite du bébé charbon n’a manifestement pas les mêmes scrupules : elle vient de débourser 472 millions de dollars pour cela. Il est vrai que la filiale Total est tout de même (en 2013) le cinquième exportateur du pays.
Mais l’idéologie demande une adhésion totale – si l’on peut dire. Aussi Patrick Pouyanné précise-t-il : « Au-delà de la fin de nos activités de production, nous allons également arrêter l’ensemble de nos activités de commercialisation du charbon », ce qui revient à se débarrasser aussi de la filiale CDFE, qui vend du charbon à des clients industriels.
Une perte manifeste, mais pas pour tout le monde !
Il n’est pas sûr que Total gagne quoi que ce soit à cette succession d’opérations. Pour s’en convaincre, il suffit de noter que, il y a quelques années à peine, Diego de Bourgues, qui était le directeur charbon de Total, et le patron des filiales évoquées, affirmait : « Le charbon est et restera encore longtemps la principale source (40 %) pour produire de l’électricité dans le monde, plus que le gaz et le nucléaire réunis ! »
Il ajoutait : « Compte tenu de l’ampleur des réserves mondiales et de leur présence sur tous les continents, le charbon est de toute évidence une énergie qui est amenée à se développer davantage dans les années et siècles à venir. (…) Le charbon apparaît donc comme une ressource incontournable pour répondre aux besoins énergétiques du XXIème siècle. De la même façon qu’il a accompagné la révolution industrielle du XIXème siècle en Europe, il accompagnera le développement des pays émergents du XXIème siècle et limitera la dépendance énergétique de certains pays industrialisés. »
Décidément, l’idéologie n’a pas de prix… sauf pour Georges Soros qui, lui, préfère acheter du charbon !