Les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne ont voté mardi à Bruxelles, à une très large majorité, un plan de répartition de 120.000 migrants dans l’Union européenne, et ce malgré l’opposition manifeste des pays d’Europe de l’Est qui n’ont, de nouveau, pas caché leur hostilité à cette perspective. L’Europe doit d’ailleurs resservir le couvert dans les prochaines heures, à l’occasion d’un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Huit, au cours duquel seront discutés l’octroi d’une aide à la Turquie et aux autres pays du Proche-Orient qui hébergent des millions de réfugiés syriens, et le renforcement du contrôle aux frontières extérieures de l’Union.
« Décision du conseil sur la relocalisation de 120.000 personnes adoptée aujourd’hui, par une large majorité des Etats membres », a déclaré le gouvernement luxembourgeois, détenteur actuel de la présidence tournante de l’Union européenne.
Qui veut des migrants en Europe ?
« Nous aurions préféré trouver un consensus, mais nous n’y sommes pas parvenus et ce n’est pas par manque de volonté », a ajouté le ministre luxembourgeois de l’Intérieur.
Et, de fait, la République tchèque, la Slovaquie, la Roumanie et la Hongrie ont clairement manifesté leur hostilité à ce plan, fortement soutenu par l’Allemagne et la France, en votant contre. Ainsi que l’a souligné le ministre tchèque, Milan Chovanec : « Nous allons bientôt réaliser que le roi est nu… C’est le sens commun qui a perdu aujourd’hui ! »
S’exprimant dans le même sens, Robert Fico, le premier ministre slovaque, a déclaré que la volonté exacerbée d’imposer ce système de quotas avait creusé un fossé profond sur cette question sensible, prévenant que, « tant qu’il serait premier ministre », la Slovaquie ne mettrait pas en œuvre ce système de quotas.
Une fois de plus, le pion Hollande s’est cru autorisé à leur faire la leçon. A l’occasion d’un déplacement à Londres (quel rapport ?), le président de la République a déclaré : « Il y a des règles en Europe : quand on ne respecte pas le droit de la concurrence, le Pacte de stabilité, il y a des sanctions, ça existe, et donc ces pays se mettraient dans des situations où forcément, ce qu’ils reçoivent de l’Europe, ne viendra plus. »
Et d’ajouter : « On ne peut pas demander à l’Europe un soutien et refuser à l’Europe une solidarité. (…) Quand on est dans l’Union européenne, on ne vient pas simplement pour avoir des avantages, on vient aussi pour prendre sa part. »
Autrement dit, si vous refuser de sauter par la fenêtre, les secours ne tendront pas le filet de sauvetage au sol…
De toute façon, comme l’affirme le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies, ce plan est largement insuffisant, le chiffre de 120.000 personnes proposé par Bruxelles étant vraisemblablement déjà dépassé.
Car, en s’en tenant au chiffre actuel de 6.000 arrivées par jour, le chiffre de 120.000 serait d’ores et déjà atteint en seulement vingt jours, souligne un porte-parole de l’agence onusienne à Genève. Ce qui signifie que l’accord que Bruxelles a bien du mal à obtenir est, dès maintenant, notoirement insuffisant.
120.000 clandestins pour l’Europe, 10.000 pour les Etats-Unis
Heureusement (si l’on peut dire) pour eux, ils ont le soutien du président américain Barack Obama, qui, mardi, lors d’un entretien téléphonique avec Angela Merkel, a invité tous les pays de l’Union européenne à accueillir leur juste part de réfugiés face à l’afflux de migrants qui fuient la guerre en Syrie. Gonflé de la part du plus puissant Etat du monde qui ne propose, pour l’heure, de n’en prendre que 10.000…
En attendant, la Commission européenne entend également poursuivre, sur cette question migratoire, son aide à la Turquie. Avec, à la clef, une relance des négociations sur sa candidature à l’Union européenne qui sera discutée au cours d’un « mini-sommet » avec le président turc Recep Tayyip Erdogan le 5 octobre.
« Mini », c’est-à-dire avec moins d’un représentant par pays. On imagine mal en effet la Grèce ou Chypre accepter actuellement ce genre de débat !