L’armée russe a entamé des frappes en Syrie mercredi, après consultation du parlement russe, en réponse à une demande du gouvernement syrien de Bachar el-Assad. La souveraineté syrienne est respectée – tout comme la volonté russe de conserver son « regard » sur la Méditerranée. Les responsables syriens ont commenté les raids en dénonçant l’inefficacité de l’Occident contre les islamistes et mettent clairement leurs espoirs dans les frappes russes.
Les bombardements avaient à peine commencé que les Etats-Unis et la France accusaient la Russie d’avoir bombardé des civils, ou plus exactement des groupes de rebelles « modérés » et soutenus par la CIA. Côté russe, on affirme que certaines rumeurs ont commencé à courir avant même que les avions ne décollent !
Cette accusation-là est bancale : ce sont des groupes comme Jabhat al-Nosra que les Etats-Unis qualifient de modérés, alors qu’il s’agit du nom porté par Al-Qaïda en Syrie. Personne, pas même les Américains, n’est capable de donner le nom d’un seul groupe au comportement modéré. Les seuls opposants armés qui ne se comportaient pas comme des islamistes sanguinaires ont quitté le terrain depuis bien longtemps.
Le ministre syrien des Affaires étrangères justifie les frappes russes et accuse l’Occident de « mentir » à leur sujet
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Muallem, a affirmé que les accusations selon lesquelles les Russes auraient visé l’opposition modérée ou encore des civils sont « absolument fausses », se disant peu étonné que les Occidentaux « mentent jusqu’au bout ».
L’opération anti-terroriste de Moscou « est coordonnée avec Damas et exécutée en application de la demande du gouvernement syrien aux autorités russes », a-t-il précisé.
Les frappes ne visent pas seulement l’Etat islamique et d’ailleurs ce n’est pas ainsi que les Russes les avaient annoncées. Le gouvernement syrien lui-même se bat depuis quatre ans contre une multitude d’autres milices également islamistes, issues cette « opposition » qu’il a violemment réprimée depuis fort longtemps dans le cadre de sa recherche d’hégémonie ethnique.
« Le but de ces raids aériens russes est de détruire l’Etat islamique, le groupe terroriste Jabhat Al-Nosra ainsi que d’autres terroristes liés à Al-Qaïda. Ensuite, les résultats positifs de ces opérations militaires mèneront à des résultats politiques », a annoncé Walid Muallem, dénonçant au passage l’inaction totale de la communauté internationale en face de l’accroissement quotidien de la menace terroriste.
La conseillère du président syrien dénonce l’inefficacité de l’Occident contre les islamistes
De son côté, la conseillère politique et médiatique du président syrien, Bouthaina Shaaban, a expliqué que son gouvernement avait réclamé l’aide de la Russie en raison de « l’inefficacité » des frappes occidentales. Elle a affirmé elle aussi que l’intervention russe allait aider à stabiliser la situation dans le pays.
« Mais ce n’est pas uniquement contre l’Etat islamique. Je ne sais pas pourquoi les gens… oublient Jabhat al-Nosra alors qu’une résolution du conseil de sécurité de l’ONU en a parlé et a considéré Al Nosra et l’Etat islamique comme des organisations terroristes ? » s’est-elle interrogé.
« En plus de celles-ci, il y a des dizaines d’organisations terroristes en Syrie. Il y a des milliers de mercenaires et de terroristes qui viennent du monde entier », a-t-elle insisté.
Pour répondre aux accusations lancées par les Occidentaux, Bouthaina Shaaban a affirmé : « Je crois que la manière de combattre le terrorisme est convaincante du côté russe, alors que l’alliance qui a été faite par les Etats-Unis et l’Occident n’a pas suivi les règles du droit international, ne s’est pas coordonnée avec le gouvernement syrien, et n’avait pas réellement pour but de combattre le terrorisme. »
La Syrie espère que la Russie réussira là où l’Occident a échoué, ou voulu échouer
En citant les exemples de la Libye et de l’Irak, Shaaban a accusé les Etats-Unis et leurs alliés de chercher à « détruire nos pays afin de détruire notre civilisation et notre peuple » au lieu de rechercher la paix.
Elle a ajouté que le problème n’était pas Assad, mais la destruction de la Syrie. « L’armée syrienne s’est battu contre (les terroristes) pendant ces cinq dernières années, pendant que l’Occident regardait notre pays se faire détruire. (…) C’est pourquoi je pense que les Russes vont réussir… là où l’Occident n’a pas ou ne voulait pas réussir, probablement. Je ne suis pas certaine », a-t-elle conclu.