A la veille du sommet sur la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) qui se tiendra à Manille les 18 et 19 novembre prochain, Vladimir Poutine a exposé dans une tribune publiée par le Global Times – média chinois aligné sur la ligne du parti communiste de Chine – sur la nécessité d’une coopération économique régionale renforcée entre les membres de la zone afin de lui faire retrouver un second souffle. Seuls le rapprochement et la coopération accrus des différents pays sur les bases universelles et transparentes édictées par l’OMC permettront de faire aboutir favorablement les négociations en cours et à venir : voilà l’axe du long exposé du président de la Fédération de Russie. Il vante son programme intégration régionale de plus en plus étendue, calquée sur ce qui se fait au sein de l’Union européenne et qui, dans le cadre des traités transatlantique et transpacifique actuellement en cours de mise en place, apparaît de plus en plus comme un tremplin vers la mondialisation.
La Russie exemplaire dans l’intégration économique régionale
« La Russie et ses proches voisins que sont l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan et le Kirghizistan
ont récemment contribué au développement de l’Union Économique Eurasiatique (UEEA) en signant des accords de libre-échange des produits, des services et des capitaux », écrit Poutine. Le Vietnam a déjà rejoint l’UEEA et 40 autres pays sont en pourparlers. La Russie pousse encore plus loin ce désir d’intégration en œuvrant pour le rapprochement de l’UEEA avec l’initiative de la Ceinture économique de la Route de la Soie proposée par la Chine.
Vladimir Poutine entend bien s’appuyer sur l’APEC en en promouvant le rôle essentiel de coordinateur des initiatives de développement de la région, de sorte que chacune des parties prenantes préserve à la fois ses intérêts, tout en adhérant à la perspective de multiplication des zones de libre-échange, selon les accords de Pékin de 2014, a-t-il indiqué.
Vladimir Poutine, vecteur du mondialisme
« La Russie est également très impliquée dans le développement de nouvelles institutions financières supranationales dans la région, à savoir la Banque de développement des BRICS et la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures. Je suis sûr que leur travail aidera à développer la région et qu’il aidera également à rendre le système financier global plus fort et plus stable », a-t-il indiqué.
L’étendue du territoire russe permet d’envisager une intégration d’ampleur avec la modernisation des voies de transports tant ferroviaires que maritimes. Poutine souligne que Vladivostok est le premier port en zone franche depuis peu et d’autres ports d’Extrême-Orient bénéficieront de ce statut à terme. Au final, ces réseaux bénéficieront aux échanges entre l’Europe, la Russie, mais aussi l’Asie au sens large. Mais cette « intégration » commerciale est annonciatrice d’une intégration tout court, à l’instar de la poussée fédéraliste créée par exemple au sein de l’Union européenne par le libre-échange au détriment des souverainetés nationales.
Renforcer l’intégration régionale : sur la route du mondialisme
Vladimir Poutine n’oublie pas non plus le domaine de l’éducation en proposant la création de vastes centres de recherche, arguant de la position de leader qu’occupe la région Asie-Pacifique en matière de technologie. La Russie co-présidera avec le Pérou la rencontre des ministres de l’éducation des pays de l’APEC qui se tiendra à Lima, l’année prochaine, annonce Poutine. Il est vrai que les liens de la Russie avec les pays « écolo-socialistes » d’Amérique latine sont eux aussi très forts…
Tous ces efforts d’intégration économique ne pourraient aboutir sans la préservation d’un climat propice aux affaires, ce dont la Russie se targue en passant de la 120e à la 51e place de l’indice « Doing Business » de la Banque Mondiale. Mais c’est aussi sa préoccupation que de « garantir l’approvisionnement en énergie » de toute la zone économique eurasiatique en soutenant l’APEC dans ses efforts pour créer les conditions favorables au transport et au commerce de l’énergie tout en respectant les futurs engagements climatiques, engagements que Vladimir Poutine entend déjà présenter pour la zone à la COP21 qui se tiendra à Paris au mois de décembre. Sur ce plan, il tient le même langage que l’ensemble des grandes puissances qui veulent imposer un contrôle mondial par ce biais.
Toutes choses qui laissent à penser que loin de raisonner en termes d’un monde multipolaire, comme on l’entend souvent, que Vladimir Poutine s’inscrit dans une même dynamique mondialiste qui s’exprime, pour l’heure, par la création de grands blocs régionaux.