007 Spectre est donc le énième épisode des aventures de James Bond. Ces films, un sous-genre à part entière ou pratiquement, sont souvent classés sous l’appellation espionnage, ce qui est un contresens puisqu’il s’agit d’un personnage extravagant, et manquant totalement de discrétion, première qualité de l’espion. Rappelons que la moralité de certaines images est douteuse par principe, en particulier celles du générique. L’ensemble des dizaines de films de James Bond s’avère fort inégal. Certains opus ont présenté quelque intérêt, renvoyant aux questions géopolitiques de leur temps de tournage : ainsi, récemment, Quantum of Solace (2008) posait la question de l’énergie, avec un espoir placé dans le solaire. Il y a dans les meilleurs James Bond une large part d’anticipation.
007 Spectre : un formidable somnifère
Ici, nulle anticipation technologique, nulle grande question géopolitique. Surnage une inquiétude, déjà trop banale, celle de la captation de fichiers numériques par des entreprises terroristes. Telle serait l’ambition de cet avatar du Spectre, et rien d’autre – sauf si nous avons dormi au mauvais moment. Un thème un peu décevant et peu propice à la transposition en images animées. Le James Bond incarné par Daniel Craig tient de la brute épaisse, du cascadeur et catcheur compétent ; il est peu crédible de l’envisager en outre comme plus malin et lucide que tout le monde, y compris sa hiérarchie au MI6. Beaucoup de dames sont sensibles à son charme viril, mais cela rend-il sa filmographie intéressante ?
007 Spectre pastiche en moins bien les réussites des années 1960. Ce Spectre est bien terne, dépourvue de l’outrance baroque attendue. Sam Mendes, qui a déjà massacré le précédent opus, Skyfall (2012) reprend son indigeste et ô combien daté bagage freudien, avec, après le meurtre de la mère, celui du père, à comprendre au sens propre. Le tout, vide, est étalé, avec moult acrobaties et explosions répétitives, sur 2h30… Ainsi 007 Spectre tient-il du somnifère formidable, un comble pour un film d’action. Ne surnage du désastre que la beauté de Rome la nuit.