Des avions de chasse du porte-avions Charles-De-Gaulle ont mené lundi leurs premières frappes en Syrie contre l’Etat islamique depuis l’arrivée du groupe aéronaval français en Méditerranée orientale. L’annonce en a été faite en soirée par l’état-major des armées françaises, qui a précisé que deux objectifs ont été détruits au cours d’une opération qui a duré « près de sept heures », et qui a été menée en appui aux forces irakiennes engagées sur le terrain.
D’autres avions de chasse, opérant à partir d’une basse aérienne située en Jordanie, ont participé aux diverses opérations de la journée qui ont touché Rakka, Ramadi, Mossoul, etc.
Le porte-avions “Charles-De-Gaulle” engagé en Syrie
« Les équipages ont frappé plusieurs infrastructures dont un centre de commandement, une zone de stockage de véhicules et des ateliers de maintenance. Les cibles visées ont été détruites », précisait lundi soir le communiqué de l’état-major des armées françaises.
Pour l’heure donc, tout se déroule comme indiqué dimanche par notre ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, qui avait annoncé que le porte-avions, qui a appareillé de Toulon mercredi dernier, serait opérationnel dès ce lundi. Son arrivée a permis de tripler la force de frappe française, en portant à 38 le nombre d’avions engagés dans l’opération Chammal contre l’Etat islamique.
L’Etat islamique bifrons
Pour Jean-Yves Le Drian, tout cela est nécessaire pour « frapper Daech globalement » ; Daech, a-t-il précisé, qui est un « ennemi à deux têtes » : « L’Etat islamique, c’est d’abord cet Etat apocalyptique, terroriste, en construction, avec une armée, qui perçoit un impôt, une administration, qui veut étendre son territoire. Et il y a d’autre part un mouvement terroriste international, émanation de l’Etat islamique, et qui veut frapper le monde occidental. Il y a deux dimensions et donc deux guerres différentes dans une seule guerre. Il y a la guerre de l’ombre. Il faut traquer les terroristes. Et en même temps, il faut frapper au cœur, dans les champs de bataille, au Levant, pour anéantir cet Etat. C’est une guerre hybride mondiale. »
On sent une évolution dans la réflexion française. D’abord, par l’inflexion vers la Russie que François Hollande aura sans doute eu bien du mal à justifier, aujourd’hui, au cours de sa rencontre avec Barack Obama. Sans doute est-ce pour la moduler, la nuancer que Jean-Yves Le Drian affirmait encore que « parler avec les services de renseignements de la Syrie n’est pas à l’ordre du jour »…
Evolutions…
Et puis, le ministre français de la Défense semble avoir entendu son chef d’état-major, le général de Villiers. Ainsi, interrogé sur l’action de la France, il répond : « Il faut du temps, des frappes, et des troupes au sol. Une victoire passe nécessairement par une présence au sol. Cela peut être les Kurdes, l’armée syrienne libre. » Et des Français ?, lui demande-t-on. « On n’a pas envisagé cette hypothèse pour l’instant », répond-il.
L’idée des troupes en sol, quoi qu’il en soit, a fait son chemin. Celle d’une véritable coordination internationale ne dépend pas, pour l’heure, des militaires ; pas même des ministres…