Le nouveau Premier ministre du Canada a indiqué qu’il entend avoir des « conversations robustes » avec l’Eglise catholique et plus particulièrement avec le pape au sujet des « excuses » officielles que les « Premières nations » du pays voudraient obtenir à propos des pensionnats autochtones. Cette nouvelle repentance dont Justin Trudeau s’est engagé à discuter avec le pape François lorsqu’il le rencontrera correspond à l’une des 94 recommandations de la Commission de vérité et de réconciliation (CVR) avec les communautés autochtones du Canada. Trudeau a indiqué qu’il entendait donner suite à chacune d’entre elles.
Le rapport du CVR demande carrément que le pape François se rende au Canada pour présenter ces excuses.
Des excuses pour les pensionnats autochtones : Justin Trudeau prêt à en parler au pape François
Les pensionnats autochtones sont ces établissements qui ont fonctionné entre 1820 et 1996 où les enfants des Amérindiens du Canada devaient obligatoirement passer 10 mois de l’année sur 12 pour y recevoir une éducation complète, apprendre la langue des « Blancs » et être en définitive assimilés. Catholiques, anglicans ou laïques, les 139 établissements sont mis en cause pour la dureté des conditions qui étaient imposées aux jeunes arrachés à leurs familles, due à la fois au manque de moyens imputable au gouvernement, à la rigueur de la discipline inhérente à l’époque et à des faits beaucoup plus grave dans certains d’entre eux : stérilisations forcées, pédophilie… On parle aussi de torture médicale, de charniers d’enfants. Dans le même temps, il est clair que dans un grand nombre de cas l’objectif était d’aider les jeunes et de leur apporter une instruction et un développement qu’ils n’auraient pas eus sans ces pensionnats.
Toute cette polémique est également axée sur ce que des Amérindiens appellent aujourd’hui la volonté d’en finir avec leur culture, de « tuer l’âme indienne qui était en eux », notamment par la formation catholique ou anglicane reçue.
Les autochtones du Canada attendent la repentance de l’Eglise catholique
Justin Trudeau est prêt à s’inscrire dans cette dialectique d’autant plus que le pape François, lors de son voyage en Amérique latine, a présenté des excuses analogues aux populations autochtones au nom de l’Eglise catholique.
Le Premier ministre du Canada l’a annoncé mercredi, à l’issue d’une rencontre au Parlement avec des responsables de groupes autochtones et métis. Perry Bellegarde, chef national de l’Assemblée des Premières nations, a ajouté que l’Eglise catholique était la seule à ne pas avoir présenté d’excuses aux « survivants ».
Sur les 190.000 pensionnaires qui sont passés par ces établissements au fil des ans, on évoque le chiffre de 4.000 morts liées notamment aux conditions de vie spartiates.
Mais plus encore, c’est l’idée que la conversion des autochtones à la religion catholique – perçue comme appartenant à la culture des « dominants » – est une violation de leur identité qui sous-tend cette affaire.