Les membres de la communauté chinoise ouïghoure partis vivre à l’étranger font l’objet de persécution de la part des services spéciaux chinois. Les membres de leurs familles restés en Chine, dans la région autonome du Xinjiang, au nord-ouest, sont pour leur part victimes des exactions de la police d’Etat, en guise de représailles lorsque les expatriés s’adonnent à un activisme politique de mauvais aloi pour Pékin.
Le gouvernement chinois est bien connu pour réprimer toute dissidence politique et toute velléité de rébellion de la part des minorités ethniques vivant sur son territoire. Erkin Kurban, exilé au Canada, Dolkun Isa, président exécutif du Congrès mondial des Ouïghours basé à Munich, ou encore Rebiya Kadeer, leader emblématique de la communauté ouïghoure en exil et franc détracteur du traitement infligé par Pékin aux musulmans de langue turque établis dans le Xinjiang, ont été victimes de cette répression.
Représailles de tous ordres contre les expatriés ouïghours
De retour au pays, les Ouïghours exilés ne manquent pas d’être interrogés par les services de renseignement locaux sur leurs activités. Il s’agit surtout d’obtenir des renseignements sur les agissements de militants ouvertement opposés au régime. C’est ce qu’a enduré Erkin Kurban, chauffeur de poids lourd entre les Etats-Unis et le Canada. On lui a proposé de coopérer et d’espionner pour le compte des services de renseignement chinois, ou de ne plus jamais revoir sa famille. N’ayant pas vu cette dernière depuis 13 ans, Kurban a feint de coopérer pour ne pas voir son séjour de 2 mois réduit à 48 heures.
Pour d’autres, les représailles s’exercent dans leur pays de résidence où les espions de la police politique chinoise officient à l’encontre des membres des communautés ouïghoures implantées localement, comme en Allemagne, en Suède ou en Australie. Ainsi, il n’est pas rare qu’à l’occasion d’un retour au pays, certains se retrouvent emprisonnés.
Dolkun Isa s’est vu refuser l’entrée dans certains pays ; il a également été détenu pendant plusieurs heures lors de déplacements dans des pays d’Europe de l’Ouest, ayant fait l’objet d’un signalement pour « activités terroristes » de la part de Pékin. Plusieurs cas d’espionnage vis-à-vis de membres de la communauté ouïghoure ont été portés devant les tribunaux bavarois. Les accusés agissant sous couverture diplomatique ont été expulsés d’Allemagne.
Le gouvernement chinois met les familles des dissidents ouïghours sous pression
La meilleure façon de tenter de faire taire les dissidents ouïghours exilés est encore de s’en prendre à leur famille restée dans le Xinjiang. Toute dénonciation des pratiques du gouvernement chinois se traduit ainsi par l’emprisonnement ou la bastonnade des membres de la famille du militant. L’interdiction de revoir sa famille est également souvent constatée.
Les enfants de Rebiya Kadeer en ont fait l’expérience en 2006 et 2007, condamnés à 7 et 9 ans de prison. D’autres encore ne peuvent trouver de travail ou sont assignés dans le Xinjiang sans pouvoir quitter la région.
L’influence économique grandissante de la Chine, couplée avec sa représentativité diplomatique croissante, permet aux autorités chinoises d’accroître leur mainmise sur les communautés exilées aux quatre coins du monde et d’exercer ainsi un contrôle de la dissidence.