La création de bébés avec « trois parents » est conforme à l’éthique, selon un rapport aux Etats-Unis

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La Grande-Bretagne est le premier pays à légaliser la technique permettant la conception de « bébés à trois parents ».

 
Un panel de douze éminents scientifiques rassemblé par les National Academies of Sciences des Etats-Unis vient de publier un volumineux rapport qui dresse les contours de la recherche sur les « bébés à trois parents », fabriqué avec l’ADN de deux parents et l’ADN mitochondrial d’une donneuse. Il présente un cadre dans lequel ces manipulations génétiques seraient acceptables, selon la vieille technique volontiers dénoncée par Jean-Marie Le Méné, de la Fondation Jérôme-Lejeune : « On crée un cadre, puis on dérive avec le cadre… »
 
Les douze scientifiques estiment que cette recherche visant à créer des embryons avec les gènes de trois parents est acceptable dans son principe, à condition de respecter certains garde-fous. Il faudrait ainsi mener les premiers essais sur des embryons d’animaux, de manière à vérifier si le procédé offre toutes les garanties de sécurité.
 

Un rapport des National Academies of Sciences des Etats-Unis approuve la création de bébés à trois parents

 
A l’étape suivante – la « fabrication » d’embryons humains à partir de cette technique – il faudrait se borner à produire des bébés masculins, dans la mesure où ceux-ci ne seraient pas capables de transmettre leur ADN « amalgamé » aux générations futures. Dans un premier temps, s’entend… L’ADN mitochondrial n’est transmis que par la mère.
 
« Minimiser les risques pour les enfants futurs devrait constituer la plus haute priorité », écrit le panel d’experts, en réponse à une série de questions posée par la Food and Drug Administration saisie d’une double demande de la part de chercheurs de New York et de l’Oregon qui cherchent à « aider les femmes » porteuses de graves anomalies génétiques à donner naissance à des enfants sains.
 

Un bébé, trois ADN : c’est conforme à l’éthique, pourvu que les chercheurs prennent leur temps

 
Selon Mark Sauer, professeur de gynécologie-obstétrique à l’université de Columbia et membre d’une des équipes demanderesses, la réponse du rapport relève davantage du « feu orange que du feu vert », eu égard aux multiples mises à garde qu’il contient. « Mais c’est mieux qu’un feu rouge », note-t-il.
 
Il s’est dit déçu en revanche par la réaction de la FDA qui a salué le « travail réfléchi » du panel d’experts, tout en précisant que les règles actuelles du budget fédéral l’« empêchent d’utiliser des fonds en vue d’examiner des demandes visant la création délibérée d’embryons ou leur modification volontaire » qui entraînerait la transmission de changements aux générations futures.
 
Marcy Darnovsky, directeur exécutif du Center for Genetics and Society, s’est ému du contenu du rapport en indiquant que le nombre de femmes susceptibles de bénéficier de ce type de recherche est tellement restreint que cela ne vaut pas la peine de procéder à cette « transgression ». Les chercheurs « ne parlent pas seulement de ce type de procédé mais également d’une ingénierie génétique qui va produire des êtres humains modifiés », observe le responsable de l’organisme de veille : « On va arriver à une situation où certaines personnes seront génétiquement améliorés et d’autres seront des êtres humains de la vieille espèce. Et je ne crois pas que ce soit le genre de monde où il fait bon vivre. »
 

Anne Dolhein