La Bourse de Chicago bientôt aux mains des Chinois ? Le Congrès met en garde

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Les investissements chinois à l’étranger ne cessent d’augmenter.

 
L’empire communiste chinois nous débordera-t-il par son emprise financière ? Les rachats multiples d’entreprises étrangères par les chinoises sont en tout cas une réalité, qui progresse et s’accroît, au niveau mondial, et tout particulièrement aux Etats-Unis. Dernière grosse inquiétude en date pour les législateurs : le rachat de la Bourse d’actions de Chicago, le Chicago Stock Exchange (CHX) par un groupe d’investisseurs chinois dirigé par l’entreprise « Chongqing Casino ».
 
Plus de quarante députés du Congrès américain viennent de publier une lettre d’avertissement.
 

La Bourse de Chicago pour « Chongqing Casino »

 
De fait, ce sera la toute première bourse américaine à passer entre des mains chinoises – changement d’époque. L’opération doit maintenant être approuvée par les autorités américaines de régulation.
 
Certes, l’annonce de l’accord définitif, le 5 février dernier, n’a pas suscité grand commentaire dans la majeure partie des grand médias américains. Ils se sont bornés à souligner que la CHX était un « petit joueur » dans son domaine, à la comparer aux volumes des transactions du NASDAQ ou de la Bourse de New York… Fondée en 1882, elle emploie 75 personnes et, selon le Financial Times, gère seulement environ 0,46 % des échanges d’actions aux Etats-Unis, un marché qui représente au total quelque 22.000 milliards de dollars – une goutte d’eau, donc.
 
Néanmoins, il en est de moins indifférents. Quarante-cinq membres républicains du Congrès ont co-signé et publié le 16 février une lettre adressée au Comité du département du Trésor sur les investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS), pour réclamer « une enquête complète et rigoureuse » de l’acquisition en cours.
 

Le Congrès américain s’inquiète de la « volonté de domination du gouvernement chinois »

 
Les membres du Congrès notent que « les exigences de transparence » doivent s’étendre à tous les aspects de la gouvernance chinoise, y compris dans le domaine financier. Or « le marché américain a peu d’informations sur « Chongqing Casino » qui fait montre des nombreuses et traditionnelles caractéristiques d’opacité d’une société chinoise… Selon les rapports initiaux, ses actifs financiers ont été initialement détenus par le gouvernement chinois, et la société a été créée en 1997 pour absorber ces actifs contrôlés par l’Etat ».
 
« Avec cette proposition d’achat de la Bourse de Chicago, ce serait la première fois qu’une entreprise chinoise potentiellement influencée par l’Etat, aurait un accès direct sur le marché de 22.000 milliards de dollars d’actions américaines ».
 
Et pour beaucoup de congressistes, ce serait tout bonnement « scandaleux »… Car si l’Etat n’est pas à l’origine de toutes les offres d’achat, il doit systématiquement approuver ces démarches et y apporte un soutien éventuel en devises. Moins qu’une volonté d’adhérence aux valeurs du libre marché, c’est donc une réelle « volonté de domination du gouvernement chinois ».
 
Ils exhortent donc le CFIUS à mener son enquête et à annuler, si besoin est, cette acquisition dommageable. Le Comité, censé superviser toutes les offres touchant à des questions de sécurité, vient dernièrement d’empêcher une vente de Philips à un groupe d’acheteurs asiatiques.
 

Les entreprises chinoises sur les starting-blocks

 
Si le marché se conclut, les investissements d’entreprises chinoises n’en seront que plus encouragés. Les achats se multiplient déjà, à des taux records. A la mi-janvier, le conglomérat américain « General Electric » a annoncé qu’il allait vendre son activité électroménager pour 5,4 milliards de dollars au géant chinois du secteur « Haier ». La semaine dernière, c’était au tour du grossiste californien de produits électroniques « Ingram Micro » d’être cédé au conglomérat chinois « HNA Group » pour environ 6 milliards de dollars.
 
Et l’Europe est un aussi bon terrain de chasse. Après s’être emparé du fabricant de machines-outils allemand « KraussMaffei » ou du fabricant italien de pneus « Pirelli », le géant chinois de la chimie « ChemChina » a récemment proposé 48 milliards de dollars pour acquérir le groupe bâlois d’agrochimie « Syngenta » – ce qui représenterait la plus grosse acquisition jamais réalisée par une entreprise chinoise, selon l’agence Bloomberg News
 
Clairement, il y a une courbe ascendante, voire une frénésie. La croissance économique de la Chine, en 2015, a été la plus lente depuis 25 ans, et elle souhaite profiter des potentiels étrangers plus prometteurs. À ce jour, selon le cabinet « Dealogic », il y a eu à l’étranger 102 fusions-acquisitions chinoises annoncées cette année, pour une valeur avoisinant un montant de 81,6 milliards de dollars. Des secteurs clés de l’économie des Etats-Unis ont notamment été investis : nourriture, pétrochimie, banque, immobilier, technologie, divertissement…
 

Main mise sur le cinéma américain

 
Mention spéciale, d’ailleurs, pour le cinéma. Depuis 2012 et le rachat d’« AMC Theater, la deuxième plus grande chaîne de cinémas des États-Unis, par le groupe chinois « Dalian Wanda » dirigé par « le plus riche milliardaire de la Chine », Wang Jianlin, on parle de « Chollywood ». Ce dernier a fait don, en 2013, de 20 millions de dollars à l’« Academy of Motion Picture Arts and Sciences » de Los Angeles, a racheté le studio de cinéma « Legendary Entertainment », opéré en janvier un « partenariat stratégique » de 500 millions de dollars avec le studio Hollywood géant Universal Pictures…
 
Son ambitieuse « Cité orientale du cinéma » à Qingdao, projet de studios et d’hôtels de 6,6 milliards d’euros, lancé en septembre 2013 à grand renfort de stars américaines sur tapis rouge, entend rivaliser avec Hollywood.
 
Mais surtout ses investissements entendent promouvoir « la culture chinoise à l’étranger » – la culture chinoise définie comme telle par le Parti communiste du Département central de la Propagande… Car l’homme d’affaires, « capitaliste », « milliardaire », un touche-à-tout dans le monde des affaires, est aussi un serviteur du PCC, ancien officier de l’Armée de libération du peuple.
 
Et beaucoup voient dans ses investissements, ainsi que ceux de tous ses comparses, de nouveaux chevaux de Troie, de toutes tailles, servant l’extension du « socialisme à la chinoise », c’est-à-dire du communisme, sous des dehors capitalistes. Et sans que cela dérange beaucoup certains chantres mondialistes du Council on Foreign Relations (CFR) américain…
 

Clémentine Jallais