Avec Michel Temer, le Brésil plonge et la corruption du système continue

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Michel Temer.

 
Alors que la présidente Dilma Roussef a été écartée du pouvoir par une procédure de destitution, l’économie du Brésil plonge toujours plus profond, et l’équipe du président intérimaire Michel Temer est mouillée jusqu’au cou dans divers scandales financiers : la corruption continue, c’est un système qui mène le pays à la ruine.
 
L’appel du président Temer au peuple du Brésil était pathétique : « Faites-moi confiance. Faites confiance aux valeurs de notre pays (…) Nous avons besoin de restaurer la paix et l’unité du Brésil (…) Nous avons besoin d’un gouvernement de salut public. » Des paroles pleines de vérités… partielles. Avec des millions de manifestants dans la rue, des députés et des sénateurs qui se traitent mutuellement de tous les noms et qui en viennent aux mains, des procédures judiciaires croisées touchant non seulement la présidente destituée Dilma Roussef mais une grande part de la classe politique brésilienne pris dans le scandale Petrobras, profondément gangrenée par la corruption, le pays vit au bord de l’explosion, dans une sorte de guerre civile larvée.
 

Avec le socialisme et Roussef, le Brésil plonge

 
Et la situation économique n’est pas plus brillante. Dilma Roussef et son prédécesseur Lula, très populaires au début de leurs mandats grâce à leurs promesses démagogiques, ont cassé la croissance et ruiné les entreprises. Le socialisme et le rêve de l’État providence ont mis par terre une économie brillante voilà quelques années, mais fragile. En 2015 le PIB a régressé de 4 %, on attend une récession comparable en 2016. L’inflation continue et le chômage croissant sont à deux chiffres. Les exportations elles-mêmes sont en berne, la Chine, le principal client du Brésil, levant le pied sur ses importations. Avec tout cela la dette publique grimpe en flèche et les agences de notation considèrent la signature du Brésil avec de plus en plus d’inquiétude. On commence à parler de défaut de paiement. L’économie plonge, elle est au bord du gouffre. Un gouvernement de salut public comme Michel Temer en appelle un de ses vœux aurait la tâche ingrate et immense de couper à coup de machette dans la jungle du socialisme local, ses lianes fiscales et ses marécages de subventions pour laisser repartir l’activité, le Brésil jouissant heureusement pour lui d’immenses richesses naturelles.
 

Le président intérimaire Michel Temer continue le système de corruption

 
Mais cela ne paraît guère possible. Car Michel Temer n’a pas dit toute la vérité. Il fait partie du système de corruption et d’arrangements qu’il appelle à détruire. Son parti, le Parti du mouvement démocratique brésilien, avec le Parti progressiste, le Parti républicain brésilien et le Parti social démocratique, sont tous unis dans le gouvernement intérimaire. Ils ont tous voté la destitution de Dilma Roussef. Or ils sont également tous mouillés dans le système de corruption qui continue de régir aujourd’hui le Brésil.
 
Pire, Temer lui-même est un vieux cheval de retour blanchi sous le harnais de la corruption. A soixante-quinze ans, cet ancien professeur plonge et trempe dans le système depuis des décennies. Il a été au pouvoir avec Lula et avec Dilma Roussef. Il a joyeusement enfreint la loi sur le financement de campagne, et se trouve sous le coup d’une inculpation pour corruption passive d’un montant de 1,5 million de dollars. A tout moment une procédure de destitution pourrait être lancée contre lui. Et six membres du gouvernement de transition sont aussi en examen pour corruption, dont le ministre des finances. C’est dramatique. En fait il existe bien une union nationale au Brésil, mais pas pour un gouvernement de salut public : pour un système de corruption qui continue quel que soit l’homme au pouvoir. Les têtes de l’hydre repoussent sans cesse.
 

Pauline Mille