Le chef de la délégation européenne en Turquie, le diplomate allemand Hansjörg Haber, a démissionné à la suite de propos jugés inappropriés par les autorités turques au sujet de l’accord sur les migrants conclu entre Ankara et Bruxelles. Ces nouvelles tensions remettent un peu plus en cause le règlement de la crise migratoire dont Bruxelles, sous l’impulsion notable de Berlin, a voulu faire d’Ankara le moteur premier.
Hansjörg Haber avait été convoqué au ministère des Affaires étrangères turc, au mois de mai dernier. Les autorités turques lui avait alors officiellement notifié leur mécontentement du commentaire qu’il s’était autorisé à faire sur la question de l’exemption de visa réclamée par Ankara pour les ressortissants turcs.
Nouvelles tensions entre Ankara et Bruxelles
« Nous avons un proverbe : “Commencer comme un Turc et terminer comme un Allemand.” Mais c’est l’inverse qui s’est produit ici. Cela a commencé comme un Allemand et s’est terminé comme un Turc », avait déclaré le diplomate allemand sur un sujet dont il estime que la Turquie a cherché à compliquer la mise en œuvre, par son refus d’assouplir sa législation antiterroriste, qui est l’un des soixante-douze critères fixés par Bruxelles pour sa mise en place.
Le premier ministre turc, Binali Yildirim, a catégoriquement exclu une fois pour toutes cette éventualité : « Nous menons une lutte acharnée pour l’unité et la survie de notre pays. (…) Dans les conditions actuelles, il ne peut absolument pas y avoir de changement. »
« Aucun ambassadeur n’a le droit d’humilier le peuple du pays dans lequel il se trouve ou de dire quelque chose à propos de son président. C’est la première règle de la diplomatie », a commenté pour sa part l’ancien ministre turc aux Affaires européennes, Volkan Bozkir.
L’Union européenne cède devant la Turquie
Par la voix de son porte-parole Maja Kocijancic, la Commission européenne a précisé que Hansjörg Haber quitterait ses fonctions au mois d’août. « Un successeur sera désigné rapidement. En tant qu’Union européenne, nous continuons de travailler avec la Turquie. La Turquie est un partenaire essentiel et un pays candidat. Nous avons redonné du dynamisme à notre relation. »
Autrement dit, une fois encore, l’Union européenne se couche devant le diktat de la Turquie. Car, même si la Turquie a encore fait des « progrès », selon le nouveau rapport justement publié ce mercredi par la Commission européenne, il semble manifeste qu’Ankara fait tout pour n’en faire qu’à sa tête, bien convaincue que l’Union européenne est beaucoup trop occupée par ses difficultés, notamment migratoires, pour se sortir sans elle la tête de l’eau…