Brexit : un juriste veut interdire le referendum pour sauver l’Union européenne

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En marge du Brexit, l’avocat international Laurent Cohen-Tanugi propose d’interdire la procédure de referendum pour empêcher ce qu’il appelle le « suicide populiste » et sauver l’Union européenne de la contagion. Il fallait un juriste pour théoriser le coup d’État permanent contre le vote populaire.
 
C’est dans Le Monde, journal officiel de la bourgeoisie mondialiste en France que Laurent Cohen-Tanugi, avocat aux barreaux de Paris et New York, a publié une tribune visant à interdire la procédure de referendum. Elle est parue avant la victoire du Brexit, mais anticipait sur le résultat du vote, puisque elle évoque « le probable successeur » de David Cameron et accuse celui-ci d’avoir  sacrifié « le projet européen, l’État dont il avait la charge, la posture géopolitique de l’Occident et l’économie mondiale » sur l’autel de « ses intérêts ». Et d’affirmer qu’il « est grand temps d’en finir – par une interdiction dans les traités – avec les référendums nationaux unilatéraux, opportunistes et démagogiques sur des questions mettant en jeu l’avenir de l’ensemble des Européens ? Jouer à pile ou face l’avenir du Royaume-Uni et de l’Union européenne n’a rien à voir avec la démocratie. »
 

Les répercussions du Brexit sur l’Union européenne

 
La tribune de ce juriste international ressortit moins à l’argumentation juridique qu’à l’objurgation morale furieuse. On y relève pourtant une affirmation qui sert de base à un embryon de raisonnement : « toutes les opinions ne se valent toujours pas ». Elle entraîne la question suivante : « Qui osera prétendre que la majorité des citoyens britanniques (…) ont la moindre idée des répercussions désastreuses d’un « Brexit » sur le Royaume-Uni, sur le projet européen, l’Alliance atlantique, et la stabilité du monde ? » Et Cohen-Tanugi en tire la conséquence suivante : le « courage », une juste compréhension de la « démocratie représentative » doivent conduire les dirigeants à interdire le referendum qui donne la parole à une majorité d’ignorants suicidaires.
 

Comment un juriste peut imaginer d’interdire le referendum

 
Pour Cohen-Tanugi, la « faillite des élites européennes » n’est pas, comme nous le pensons, d’avoir tenté d’imposer aux peuples un projet qui les ruine et dont ils ne veulent pas, mais au contraire d’avoir accepté sous la pression l’argument suivant : « Le dernier mot appartient au peuple, il n’existe pas de peuple européen, seuls les peuples des nations européennes ont voix au chapitre ». Selon ce juriste international, il s’agit d’un argument « simpliste, démagogique ».
 
Les « responsabilités » des dirigeants, la « dignité de la fonction politique » leur dictent de cesser de gaspiller leur énergie, de prendre des risques inutiles, avec une « lâcheté inexcusable », de « jouer l’avenir à pile ou face ». Le Brexit est un avertissement. Les élites mondialistes, les sages qui nous gouvernent, ont l’impérieux devoir moral de nous imposer leur projet, et pour commencer l’Union européenne malgré ses échecs. Il faut être ferme avec la majorité et refuser d’écouter sa voix, ou plus exactement l’empêcher de parler. C’est une version sophistiquée de Brecht : quand le peuple vote mal, il faut changer le peuple, mais quand cela prend plus de temps que prévu, il est urgent d’interdire le vote. Halte au suicide populiste, hurle cet éminent, et tout à fait cynique, juriste partisan de la synarchie mondiale.