Selon l’agence de presse officielle russe Sputnik, la Russie compte équiper ses frontières orientales et méridionales d’un système de surveillance « piloté » par intelligence artificielle. Les patrouilles se feront par collecte de données automatisée, dans le but de répertorier et d’analyser les violations de territoire, selon le service de presse de la société productrice des outils de surveillance, OPK.
Des zones tests sont déjà opérationnelles dans la zone de Tcheliabinsk à la frontière du Kazakhstan, et d’autres tests préliminaires sont programmés en Extrême-Orient et sur les frontières sud.
Le système repose sur l’interaction entre le « cerveau » artificiel et ses « perceptions » recueillies par un réseau de caméras vidéo, de senseurs infra-rouges et sismiques, de radars et de drones capables de repérer toutes sortes de violations des frontières.
L’intelligence artificielle pour surveiller et protéger les frontières
A partir de ces données, le système d’intelligence artificielle sera en mesure de prédire les situations et même de proposer des solutions taillées sur mesure en vue de protéger les frontières, qui tiendront compte, assure le fabricant du réseau, des actions prévisibles des contrevenants, et qui prédiront leurs déplacements les plus probables. Le système proposera également des mesures de sauvegarde afin d’éviter les actes malveillants tout en lançant l’alerte sur les risques possibles.
La Russie justifie le recours à ce système automatique par l’existence d’une menace toujours croissante. Dans la région de Rostov par exemple, au cours de ces six derniers mois, plus de 60 personnes recherchées ont été arrêtées alors qu’elles cherchaient à pénétrer en Russie, tandis que 500 clandestins – une paille à l’aune de l’UE – ont été refoulés dès leur arrivée. Selon le site militaire rg.ru, une vingtaine d’armes à feu, 20 kg d’explosifs près de 250 grenades et mines, sans compter 6.500 cartouches ont été saisis par les gardes frontières dans la région pendant la même période.
Les patrouilles des frontières russes confiées à l’intelligence artificielle
La mise en place du système automatisé entre dans le cadre de projets plus larges de recours à l’intelligence artificielle dans le domaine militaire. Sergueï Skokov, directeur d’OPK, a indiqué récemment l’achèvement réussi d’une série de tests du complexe « Unicum », capable de doter des robots de capacités d’intelligence artificielle leur permettant d’agir en parfaite autonomie, sans la moindre intervention humaine – même si l’homme peut reprendre la main sur leur activité.
Le complexe Unicum servira, selon ses constructeurs, à mettre en place des réseaux de machines capables de « décider » seules de remplir toutes sortes de tâches, y compris des tâches militaires, en répartissant leur exécution parmi le groupe, en choisissant des machines « chefs » et en remplaçant celles qui seraient endommagées.
De la patrouille des frontières à l’armée des robots
Sergueï Skokov a déclaré à la presse que le système de contrôle des frontières « est entièrement fondé sur des décisions politiques russes qui assurent la protection des ressources d’information contre la perte de données, les pirates et autres interventions non autorisés ». Il n’y a plus qu’à le croire, comme les passagers du Titanic ont cru leur paquebot insubmersible.
La mise en place de ces deux outils sophistiqués suppose aussi de faire confiance à un gouvernement qui ne céderait pas à la tentation de jouer au Big Brother. Mais comment croire que lorsque la science fiction devient réalité et qu’un pouvoir « fort » dispose d’outils inédits, il va s’abstenir de s’en servir ?