La rencontre entre le président Xi Jinping et le président fédéral de la Suisse, Mme Doris Leuthard, à la faveur du déplacement du chef du parti communiste chinois à Davos, a été marquée par l’annonce d’une meilleure coopération entre leurs deux pays, qui passera par un partenariat stratégique novateur. La Chine et la Suisse se sont engagés à lutter ensemble contre le protectionnisme, notamment à travers la promotion de la Nouvelle route de la soie qui doit faciliter la circulation des marchandises entre l’Europe occidentale et l’Extrême-Orient. Et davantage dans l’autre sens…
Entre le pays capitaliste par excellence, la Suisse, et l’Etat toujours communiste et dirigiste qu’est la Chine, l’entente est décidément cordiale, à l’image d’une très vieille collusion entre deux systèmes réputés antinomiques mais qui se sont toujours entendus au service du mondialisme.
Xi Jinping a notamment insisté au cours de la rencontre pour que les deux pays renforcent leur coopération et leurs échanges dans des domaines de plus en plus étendus : commerce, finance, numérisation, production industrielle « intelligente », capacité industrielle, culture et éducation.
La Chine communiste et la Suisse capitaliste ensemble contre le protectionnisme
Cela passera notamment par d’alignement réciproque de leur stratégie industrielle : « Made in China 2025 », côté chinois, et la stratégie Industrie 4.0 développé par la Suisse, en même temps que les deux pays mettront à jour leur accord de libre-échange bilatéral. La Chine et la Suisse ont proclamé une année du tourisme conjoint en 2017 et renforceront même leur coopération dans le domaine des sports d’hiver à travers l’occasion offerte par la tenue des Jeux Olympiques d’hiver de 2022 à Pékin.
L’établissement d’un partenariat stratégique date de l’an dernier, et de la visite du président suisse d’alors, Johann Schneider-Ammann, à la Chine. C’est le premier accord de ce type conclu par la Chine, et cela correspond, selon des analystes chinois, à la complémentarité de la structure économique des deux pays, ce qui n’est pas sans paradoxe, apparent du moins. Pour Zhuang Rui, vice doyen de l’institut d’économie internationale de l’Université internationale des affaires et l’économie de Pékin, cela s’explique par l’excellence suisse en matière de production d’instruments de précision sur lesquels compte la Chine pour sa croissance économique future.
La lutte contre le protectionnisme et pour le libre-échangisme mondial
La Suisse aurait donc tout à gagner de la très large ouverture de ce nouveau marché, en attendant sans doute que la Chine fabrique elle-même ses machines, selon un scénario bien rodé.
Quoi qu’il en soit, la Chine est à la recherche d’une manière de produire des biens de qualité plutôt que de poursuivre sa politique de fabrication de masse. Voilà qui est intéressant pour des régions développées comme l’Europe où l’on met en avant l’excellence de la manufacture comme moyen de rester devant les pays comme la Chine. Cela durera ce que cela durera…
L’accord de libre-échange entre la Chine et la Suisse entré en vigueur en juillet 2014 a eu pour résultat d’importants investissements suisses en Chine : en deux ans, il représenterait quelque 6,4 milliards de dollars. On notera aussi la mise en place plate-forme renminbi à Zurich l’an dernier.
La visite de Xi Jinping devraient s’accompagner d’une extension de l’accord de libre-échange, avec notamment la baisse des droits de douane et une ouverture plus large du secteur des services.