Deux professeurs de l’Université de Redlands, en Californie, ont identifié les postes de travail salarié les plus susceptibles d’être automatisés ou remplacés par des robots dans la centaine de villes américaines de plus de 250.000 habitants. Parmi les plus exposées, ils ont identifié Bakersfield et Riverside en Californie, El Paso au Texas et, en tête de liste, Las Vegas au Nevada. Dans cette dernière, estiment les auteurs de l’étude, 65 % des postes de travail sont susceptibles d’être robotisés dans les vingt années à venir. Chaque robot remplace en moyenne 5,7 emplois.
65% des postes salariés remplacés par des robots à Las Vegas : vente de billets, tourisme, comptage, jeux
Parmi les emplois de service « robotisables » à Las Vegas, la vente de billets d’entrée pour des manifestations, le conseil touristique – attractions, transport. Mais la plupart seront invisibles : comptage de monnaie, contrôle des jeux, sécurité. Les professeurs ne disent pas si des robots pourraient remplacer les opérateurs de Blackjack mais l’un d’eux, Johannes Moenius, directeur de l’institut d’analyse économique ISEA déclare : « Le remplacement des postes de travail par des machines est un processus continu depuis le début de la révolution industrielles autour de 1760 et il devrait accélérer considérablement durant les dix à vingt ans qui viennent. Presque tout le monde sera concerné, mais les aires métropolitaines subiront plus de destructions d’emplois que les autres ».
Les employés de banque seront remplacés par des robots à 98 %
Globalement, les postes de travail les plus visés, selon une étude publiée en 2013 par des professeurs de l’Université d’Oxford, sont les employés de banque (taux de probabilité d’être remplacé par un robot : 98 %) ; les réceptionnistes et agents d’information (96 %) ; les conseillers juridiques (94 %) ; les vendeurs au détail (92 %) ; les chauffeurs de taxi (89 %) ; les cuisiniers employés dans la restauration rapide (81 %). En fin de liste, les instituteurs, médecins et chirurgiens (0,4 %) ; les avocats (4 %) ; les musiciens et chanteurs (7 %) ; les journalistes reporteurs et correspondants (11 %).
Les robots font d’ores et déjà partie du meilleur des mondes des pays « développés », avec les automates de commande dans les chaînes de restauration telles que McDonald’s. Leurs cuisiniers voient déjà arriver un robot de Miso Robotics qui apprend comment cuire un hamburger, quand le retourner, la température qui indique qu’il est prêt, la façon de le transférer dans une boîte ou de l’assaisonner. Le PDG de Miso, David Zito, explique : « Nos logiciels permettent au robot de travailler devant un grill, d’assurer certains travaux pénibles et dangereux que les gens ne sont pas prêts à assurer à longueur de journée… par exemple devant une friteuse ou au découpage des oignons. Ce sont des postes qui affichent un fort turnover de salariés ».
Métros totalement automatiques, analyse automatique du droit, robots de blocs opératoires
On parle depuis déjà longtemps d’automobiles autonomes – avec quelques frayeurs – mais on prend depuis une bonne décennie des métros totalement automatiques à Lyon, Londres, Turin, Toulouse, Lille, Rennes ou Paris. On sait aussi que les robots sont beaucoup plus efficaces que les humains pour analyser les milliers d’articles de loi et de jurisprudence pour préparer les juristes aux procès.
Dans le monde médical, on relève l’existence de Da Vinci, qui aide les chirurgiens pour l’ablation de prostates et d’utérus. A ce jour, plus de 4.000 de ces robots sont déjà installés dans des blocs opératoires aux Etats-Unis. Les géants de la technologie médicale Stryker et Smith & Nephew développent des robots qui assureront les remplacements de genoux, réduisant le traumatisme et la convalescence. Ces robots permettent un calcul exact du découpage de l’os et une insertion éminemment efficace des liaisons avec la prothèse.
Robot de stratégie adaptative chez UBS, 1,5 million de robots industriels dans le monde
Dans le domaine financier, les banques utilisent des robots dans leur back-office depuis des années, mais UBS vient d’installer un logiciel de « stratégie adaptative » qui aide les traders à agir plus efficacement grâce à des techniques intelligentes incluant les évolutions du marché en temps réel. Ses résultats sont impressionnants, le double de ceux des index de fonds.
Plus généralement, chaque smartphone est, à la base, un outil d’intelligence artificielle et 1,5 million de robots industriels travaillaient chaque jour dans le monde en 2015, nombre attendu en croissance de 70 % sur les quatre années suivantes. Mais là réside le problème : chaque robot remplace 5,7 emplois de travailleurs américains, selon le Bureau américain des statistiques du travail. Que vont devenir ceux qui sont forcés de partir ?
En sept ans, l’industrie américaine a installé 136.748 robots et créé… 894.000 emplois
Pour Rob Steward, d’Acacia Research, « ces emplois iront ailleurs » et « on créera de nouveaux emplois d’accueil ou de cuisine, pour lesquels les gens seront mieux payés et où ils désireront rester plus longtemps ». Le Bureau des statistiques indique que depuis sept ans, les entreprises américaines ont installé 136.748 robots industriels. Si chacun remplace 5,7 emplois humains, soit 780.000 au total, cela aurait dû entraîner un chômage de masse. Or, sur la même période, 894.000 nouveaux emplois ont été créés dans l’industrie. Une partie des salariés remplacés ont été formés à d’autres tâches par leurs employeurs. D’autres suivent des formations complémentaires afin d’être prêts quand la lettre de licenciement arrivera. Des cours du soir sont prodigués en robotique ou en codage informatique. C’est ainsi que répond – et a toujours répondu – le marché libre : il s’adapte, il change, offre de nouvelles opportunités, intègre la nouveauté voire l’anticipe. Les employés de Las Vegas ne seront pas laissés affamés dans la rue.