L’Assemblée générale de l’ONU s’est vu présenté à New York un rapport sur les atteintes aux droits « culturels » des femmes dans le monde. Karima Bennoune, rapporteur spécial pour les droits culturels, a exposé les menaces pesant aujourd’hui sur les droits des femmes. Et des menaces, il y en a. Non pas à cause de l’expansion de l’islam et de la montée de l’islam radical, contrairement à ce qu’on aurait pu croire, mais plus généralement à cause des fondamentalistes, y compris (surtout ?) chrétiens, et de la montée des mouvements nationalistes d’extrême droite. Et encore, c’est un euphémisme, le rapport présenté par Mme Bennoune parle carrément d’un « ultranationalisme populiste dirigé contre la démocratie libérale et pluraliste ».
Il est précisé dans ce rapport que l’extrémisme au sens du rapport désigne des mouvements non inspirés par une religion, par opposition aux « fondamentalismes » qui sont des « mouvements politiques de l’extrême droite qui, dans un contexte de mondialisation, manipulent la religion, la culture ou l’ethnicité pour atteindre des buts politiques ». Heureusement donc que le machin qu’on appelle l’ONU est là pour veiller.
Les fondamentalistes chrétiens et l’extrême droite constitueraient la principale contre les droits des femmes dans le monde !
Une dénonciation de la montée de l’ultranationalisme populiste est par exemple parvenue au rapporteur de l’ONU de l’ONG australienne Australian Lawyers for Human Rights, qui milite pour le « mariage gay » (et aussi pour l’avortement et l’immigration, comme on peut le voir sur son site Internet). Cette précision n’est pas dénuée d’importance puisque le rapport de l’ONU cite, parmi les atteintes aux droits culturels des femmes dans le monde, « la diabolisation des efforts pour lutter contre les stéréotypes, appelés “idéologie du genre” ». Pour faire clair : critiquer l’idéologie du genre, c’est porter atteinte aux droits des femmes.
On se rend compte en parcourant ce rapport qu’il suffit de s’adresser aux bonnes ONG dans chaque pays pour obtenir le rapport final voulu. Il va sans dire que ce rapport de l’ONU s’en prend aussi aux lois restreignant avortement, pudiquement appelé IVG chez nous, et que le rapporteur s’est adressé dans ce domaine aussi aux bonnes ONG. Les droits des femmes sont donc menacés par la volonté des « fondamentalistes » et des « extrémistes » de tout poil « de restreindre les droits sexuels et reproductifs » de la gent féminine.
Selon le rapport présenté à l’ONU, la simple critique de l’avortement ou de l’idéologie du genre est déjà une atteinte aux droits des femmes
Exemple : « En Amérique latine, la pression mise par l’Église catholique et les mouvements évangéliques sur les organisations de femmes travaillant en faveur des droits reproductifs et de la santé reproductive ». Pour ceux qui ne maîtrisent pas bien la novlangue, la « santé reproductive » et les « droits reproductifs », désignent bien entendu la possibilité d’avorter. Et donc, nous apprend ce rapport de l’ONU, « A travers l’Amérique latine, les groupes fondamentalistes et conservateurs de la société civile s’allient souvent aux Eglises fondamentalistes pour s’opposer aux droits sexuels et reproductifs. »
Mais le problème ne se limite pas à la seule Amérique latine : « Dans toutes les régions, les fondamentalistes et les extrémistes promeuvent une culture stigmatisant les femmes qui exercent et défendent leurs droits sexuels et reproductifs. » Pour faire clair une fois de plus : la simple critique de l’avortement est une atteinte aux droits des femmes.
Curieusement, les mots « islam », « islamique » et « islamiste » n’apparaissent dans ce rapport que dans des noms propres d’organisations ou dans le contexte d’attaques dont sont victimes les musulmans de la part de fondamentalistes sikhs, hindous et autres. Pourtant, Mme Bennoune n’est pas elle-même une islamiste puisqu’elle siège, selon Wikipédia, au conseil consultatif de l’organisation de défense des droits de l’homme Muslims for Progressive Values (Musulmans en faveur des valeurs progressistes).