Les ministres du gouvernement de grande coalition dirigé par Angela Merkel devaient se réunir mardi et mercredi pour un séminaire. Le but du séminaire est de définir l’action gouvernementale sur la base de l’accord de coalition intitulé « Un nouveau départ pour l’Europe – Une nouvelle dynamique pour l’Allemagne – Une nouvelle cohésion pour notre pays ». Mais en fait de cohésion, les déclarations du ministre de la Santé Jens Spahn pour le journal suisse germanophone Neue Zürcher Zeitung ont jeté un pavé dans la mare. Les critiques se sont mises à pleuvoir sur Jens Spahn, déjà connu pour être au sein de la CDU un des plus grands critiques des politiques menées par Angela Merkel, notamment en matière d’immigration. D’autres critiques ont à cette occasion refait surface à l’encontre du ministre de l’Intérieur Horst Seehofer, le leader de la CSU bavaroise, pour ses paroles sur l’islam qui ne fait pas partie de l’Allemagne.
Jens Spahn rêve pour l’Allemagne d’un islam allemand plutôt que turc
A la question du journal suisse de savoir si l’islam fait oui ou non partie de l’Allemagne, Jens Spahn répond que la présence de musulmans fait partie de l’Allemagne, mais qu’il faut se demander si tous les musulmans veulent vraiment faire partie de l’Allemagne. Pour corriger la situation, Spahn propose de créer un islam d’Allemagne avec ses propres imams et ses propres financements. « Il nous faut moins de mosquées turques et plus de mosquées allemandes en Allemagne », a-t-il déclaré sans doute un peu naïvement.
Les propos qui ont suscité les critiques de Spahn au sein de la coalition
Mais ce qui a fait bondir des gens comme la présidente du groupe SPD au Bundestag Andrea Nahles, également ministre du Travail et des Affaires sociales, et autres représentants de la classe politico-médiatique allemande, ce sont les propos du ministre sur le fait que dans certains quartiers populaires à Essen, Duisbourg ou Berlin, « On a l’impression que l’Etat n’a plus la volonté ou n’est plus capable de faire respecter la loi ». Si cela n’entre pas vraiment dans le champ de compétence d’un ministre de la Santé, ce que ses détracteurs n’ont pas manqué de lui faire remarquer, Jens Spahn répondait à la question des journalistes sur les causes de la perte de confiance des citoyens vis-à-vis du gouvernement allemand. A ce propos, le ministre a encore cité le problème des réfugiés qui a conduit à « une perte massive de confiance ». L’Etat doit faire respecter la loi, a-t-il déclaré en se plaignant de ce que cette mission ne soit plus pleinement réalisée ces dernières années.
La politique de Viktor Orbán donnée en exemple
Pire encore, ce ministre CDU a déclaré ne pas avoir peur de l’AfD et déploré l’absence de réelle opposition parlementaire préalablement à l’entrée de ce parti au Bundestag. « La grande coalition peut paralyser le débat », a-t-il dit. Il a aussi vanté le Premier ministre hongrois Viktor Orbán en ces termes : « Malgré toutes les critiques à l’encontre de Viktor Orbán, il est celui qui transpose le droit européen à la frontière et qui sécurise la frontière de l’Europe. »
Pendant ce temps en Allemagne, l’immigration continue d’alimenter l’insécurité jusque dans les écoles et l’islamisme le terrorisme islamique : les autorités s’inquiètent du doublement du nombre de salafistes en seulement quatre ans – ils sont aujourd’hui 11.000, parmi lesquels des centaines de djihadistes potentiels. La deuxième journée du séminaire gouvernemental qui doit se dérouler à huis clos mercredi au charmant palais baroque de Meseberg sera consacrée à une session de « teambuilding ».