Pour les utilisateurs de Facebook dans l’UE, la fonction de reconnaissance faciale qui agissait à l’insu des utilisateurs a été désactivée en 2012. Profitant de l’entrée en vigueur le 25 mai prochain d’un nouveau règlement européen relatif à la protection des données, les dirigeants du réseau social veulent désormais réactiver cette fonctionnalité mais en demandant cette fois aux utilisateurs s’ils donnent ou non leur accord pour faire l’objet d’une reconnaissance faciale et d’une identification sur les photos mises en ligne. Cela vaudra pour l’UE et le Canada. En dehors de ces pays, les utilisateurs seront visés par la reconnaissance faciale et l’identification automatique à moins d’indiquer spécifiquement qu’ils ne le souhaitent pas.
Comment Facebook use et abuse des technologies de reconnaissance faciale
Pour l’entreprise californienne, la reconnaissance faciale permet d’en savoir encore plus sur ses utilisateurs. Grâce aux technologies d’intelligence artificielle exploitant les différentes données mises à sa disposition, Facebook peut savoir où se trouve un utilisateur et ce qu’il fait à un moment donné. Avec les photos de profil des utilisateurs et les autres photos mises en ligne, les logiciels de Facebook créent un modèle qui permet ensuite d’identifier cet utilisateur sur d’autres photos où il n’est pas identifié. Cela permet ensuite au réseau social de suggérer de nouveaux « amis » et aussi, grâce aux informations collectées sur la personne identifiée, d’afficher des publicités ciblées. Cela permet aussi, argue Facebook, de repérer les profils d’utilisateurs cherchant à se faire passer pour quelqu’un d’autre, de faciliter aux utilisateurs la gestion de leur identité en ligne et d’aider les personnes malvoyantes à reconnaître les visages sur les photos.
Aux Etats-Unis, Facebook pourrait encourir plusieurs milliards de dollars d’amende !
Pendant ce temps, aux États-Unis, Facebook pourrait encourir plusieurs milliards de dollars d’amende pour avoir utilisé la reconnaissance faciale à l’insu des utilisateurs en violation de la loi sur la collecte des données biométriques de l’Etat d’Illinois. Un juge fédéral californien vient en effet de reconnaître la validité d’une action de groupe entamée par des utilisateurs de Facebook de cet Etat américain. La loi sur la protection des informations biométriques adoptée par l’Illinois en 2008 prévoit une amende de 1.000 à 5.000 dollars pour chaque utilisation non autorisée d’une photo d’utilisateur. Potentiellement, plusieurs millions d’utilisateurs pourraient se joindre à cette action de groupe. Pour créer le modèle permettant de reconnaître un visage non identifié sur une photo, Facebook a normalement besoin de 10 photos où cet utilisateur est identifié. Selon les attendus du jugement rendu par le juge fédéral californien en date de janvier 2011, l’utilisateur moyen de Facebook était identifié sur 53 photos.
Après le scandale des données d’utilisateurs de Facebook mises à la disposition de Cambridge Analytica à l’insu des intéressés, la firme de Mark Zuckerberg est donc à nouveau sous le feu des critiques pour le même type de raisons, et cela doit inciter les utilisateurs des réseaux sociaux à la plus grande prudence.