En cinq mois, de décembre 2017 à avril 2018, les gardes-frontières des Etats-Unis ont intercepté et détenu près de 600 femmes enceintes entrées clandestinement sur le territoire dans l’espoir d’accoucher aux Etats-Unis – et d’obtenir ainsi une régularisation grâce à leur bébé. Les fameux « anchor babies » ou « bébés d’ancrage » obtiennent automatiquement la citoyenneté américaine, ce qui leur permet ensuite de faire rester, voire de faire venir d’autres membres de la famille au nom du regroupement familial.
Cette statistique sur les clandestines enceintes ayant réussi à passer la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis se trouve dans les recoins d’une enquête de Buzzfeed News. C’est une enquête à charge contre la politique de tolérance zéro de Donald Trump en matière de protection, mais parmi des accusations de mauvais traitements, on découvre l’importance du trafic de femmes enceintes entreprenant le dangereux voyage vers le Nord. Encore ne s’agit-il que de celles qui ont été prises et placées en détention. On peut même parler d’un arbre qui cache la forêt.
Ces clandestines enceintes détenues aux Etats-Unis
Alors que l’on sait que pour deux nouveaux immigrés aux Etats-Unis, il entrera par la suite en moyenne sept membres de leurs familles, on compte déjà 4,5 millions de mineurs nés de parents illégaux. Autant de « bébés d’ancrage » dont les estimations officielles tiennent compte, mais ces chiffres du Bureau du budget du Congrès ne tiennent pas compte de ceux qui ont désormais dépassé les 18 ans et qui conservent leur droit de faire rentrer toujours davantage de migrants légaux dans le pays. Ne sont pas non plus comptabilisés les bébés et enfants vivant actuellement à l’étranger parce que leurs parents ont été déportés, mais qui conservent la possibilité de revenir grâce à leur naissance aux Etats-Unis.
Les femmes enceintes à la recherche de leur régularisation par l’accouchement d’un « bébé d’ancrage »
Cette politique d’octroi de la citoyenneté américaine, aujourd’hui dénoncée par Donald Trump mais toujours inscrite dans les textes, « récompense » en quelque sorte les clandestins et surtout les clandestines qui arrivent à entrer aux Etats-Unis sans se faire prendre. Elle est susceptible d’être modifiée dans la mesure où, même si ses partisans s’appuient sur un amendement de la constitution, la Cour suprême n’a jamais affirmé que les enfants d’étrangers illégaux doivent automatiquement recevoir la citoyenneté.
Sur les 1,5 millions d’étrangers qui entrent légalement aux Etats-Unis chaque année, l’immense majorité vient par le biais de la « migration en chaîne » rendue possible par les liens familiaux. En 2016, la population immigrée, clandestins et « réguliers » confondue, a atteint les 44 millions, et d’ici à 2023, le Centre pour les études de l’immigration estiment que cette population représentera près de 15 % de la totalité de la population américaine.