Deux nouvelles études mettent en évidence un accroissement significatif des effets secondaires des analgésiques à base d’opioïdes chez les patients atteints de démence. En cause, la surproduction d’opioïdes naturels comme l’endorphine par les organismes de ces personnes. Ces analgésiques sont communément utilisés en deuxième ligne de traitement de la douleur après les analgésiques de type paracétamol. Les effets secondaires nocifs constatés chez les personnes prenant de la buprénorphine (prescrite à 15 % des patients atteints de démence dans les pays où ce médicament est disponible) sont les changements de personnalité, la confusion ou encore la sédation. Une baisse d’activité significative a également été constatée chez les patients touchés par ces effets secondaires. Or, selon les résultats d’une étude présentée à la Conférence internationale 2018 de l’Alzheimer’s Association par des chercheurs de l’Université d’Exeter du King’s College de Londres et de l’Université de Bergen en Norvège, ces effets secondaires sont triplés chez les personnes atteintes de démence. Ces conclusions ont été tirées de l’observation de 162 personnes atteintes de démence dans 47 établissements de soins norvégiens.
Une multiplication des effets secondaires sans doute en partie liée au surdosage des analgésiques administrés aux personnes atteintes de démence
Une autre étude s’est intéressée aux souris présentant des troubles proches de la maladie d’Alzheimer ainsi que de l’arthrite. L’étude a montré que les rongeurs atteints de la maladie d’Alzheimer réagissaient à des doses plus réduites de morphine et subissaient des effets secondaires aggravés liés à la prise de cet analgésique à base d’opioïdes. Cette étude s’est encore penchée sur les « médicaments en Z », c’est-à-dire les sédatifs de type zolpidem, zopiclone et zaleplon. Les chercheurs se sont aperçus, en analysant les données de 2 952 patients touchés par la démence et de 1 651 personnes non affectées par ce type de troubles des facultés intellectuelles, que les personnes atteintes de démences et prenant ces médicaments couraient un risque plus grand de fractures des os et de décès.
Clive Ballard, co-auteur de cette étude, a appelé à des politiques publiques pour réduire l’utilisation des médicaments à base d’opioïdes sur le modèle de ce qui a été fait pour les médicaments antipsychotiques, dont la prescription a été réduite de moitié après que l’on se fut aperçu de leurs effets secondaires accrus et de l’augmentation des décès chez les personnes atteintes de démence. Les chercheurs à l’origine de ces deux études veulent poursuivre leurs travaux pour déterminer s’il est possible d’éviter une aggravation des effets secondaires des analgésiques et sédatifs à base d’opioïdes en réduisant les doses prescrites.
Les opioïdes responsables de nombreux problèmes
Si ces médicaments sont très utiles pour traiter la douleur, la surprescription est à l’origine d’un phénomène de dépendance qui est devenu un vrai problème de société aux États-Unis (qui totalisent les trois quarts des opioïdes administrés sur ordonnance médicale dans le monde), sans compter qu’ils sont soupçonnés d’être au moins partiellement responsable de la multiplication des tueries de masse dans ce pays et plus généralement de l’augmentation des homicides, ainsi que l’a montré une étude finlandaise.